Vers la fin des peines minimales
Le Parti libéral du Canada relance le processus législatif visant à abroger les peines minimales obligatoires pour les infractions liées aux drogues. Les intervenants en dépendance saluent, à nouveau, l'initiative en réitérant que les libéraux auraient pu en faire beaucoup plus.
La proposition permettrait d'accroître le recours aux peines avec sursis, comme la détention à domicile ou encore le traitement ou l'accompagnement pour les personnes qui ne représentent pas une menace pour la sécurité publique.
C'est une réforme « primordiale », selon le ministre de la Justice et procureur général du Canada, David Lametti.
Cela permettrait de « tourner la page sur certaines politiques ratées du gouvernement conservateur », s'est-il enthousiasmé, lors d'une conférence de presse suivant le dépôt du projet de loi C-5 à la Chambre des communes. Le projet de loi donne suite à ce que les libéraux avaient déjà entamé en février dernier. Ils n'avaient toutefois pas réussi à obtenir l'approbation du Parlement avant que le premier ministre, Justin Trudeau, ne déclenche des élections.
La décriminalisation, une solution
Si le projet de loi représente un premier pas dans la bonne direction, la directrice générale de l'Association des intervenants en dépendance du Québec (AIDQ), Sandhia Vadlamudy, croit que le gouvernement aurait pu être encore plus audacieux. « Nous aurions aimé que le projet de loi soit revu en profondeur et qu'on lui ajoute des éléments un peu plus progressistes, un peu plus axés sur la décriminalisation », ajoute-t-elle. L'AIDQ n'est pas la seule association à demander la décriminalisation de la possession et de l'usage de drogues.
Plus de 170 organismes de santé et de défense des droits de la personne réclament cela depuis mai 2020 dans une lettre adressée au gouvernement canadien par le Réseau juridique canadien VIH/sida. Une étape incontournable pour contrer la stigmatisation des personnes qui consomment, selon la directrice de l'AIDQ.
Diminuer la stigmatisation
La surreprésentation des personnes autochtones, noires et marginalisées en milieu carcéral est à l'origine des démarches, a souligné d'emblée M. Lametti.
L'abrogation des peines minimales obligatoires pour les infractions liées aux drogues permettrait d'éviter que des délinquants à faible risque et des délinquants primaires soient emprisonnés. Cela pourrait expliquer le nombre disproportionné d'Autochtones et de Noirs incarcérés.