Une année laborieuse pour les professeurs de musique

La pandémie aura été particulièrement difficile pour les professeurs de musique engagés à motiver leurs élèves tout en veillant à leur sécurité. 

Une année laborieuse pour les professeurs de musique
Photo by Marius Masalar / Unsplash

Pour souligner la Journée internationale des enseignants, deux professeurs de musique de niveaux différents ont accepté de se prononcer sur les défis saillants qui ont teinté leur année 2020-2021. Souvent pris entre l’arbre et l’écorce, les professeurs se sont résignés à enseigner conscient qu’à tout moment ils pourraient avoir à mettre fin à leurs activités.

Mme Aline Kutan

La soprano et professeure de chant au Conservatoire de musique de Montréal Aline Kutan s’est toujours efforcée de voir le positif en dépit des difficultés. Pour permettre la distanciation physique, elle et ses étudiants ont dû troquer le studio de musique pour de plus grands espaces. « Au moins, dans les grandes salles il y a une qualité acoustique », a assuré Mme Kutan en entrevue avec L’Atelier.

Il faut savoir que les décisions quant à la tenue des cours de musique ont parfois été nébuleuses et que les consignes évoluaient fréquemment. Mme Kutan affirme que c’était une période stressante où elle et ses collègues participaient constamment à des réunions pour concilier leur méthode de travail aux consignes changeantes.

« Nous portions des masques de chanteur que nous avons rapidement abandonnés pour des masques chirurgicaux. Il y a aussi eu les plexiglas et à un moment, nous avions même deux épaisseurs de masque. », se rappelle Mme Kutan.

Pandémie oblige

Être professeure de musique en temps de pandémie, c’était aussi de devoir lire et comprendre « des pages et des pages » de nouveaux communiqués plus ou moins clairs.

« Nous [les enseignants] devions nettoyer les planchers, les plexiglas, les instruments, a expliqué l’enseignante. Nous avions bien ri avec la musique que faisait le piano lorsqu’il était désinfecté. Nous l’appelions la sonate de COVID », indique-t-elle amusée.

Elle admet qu’elle a trouvé malheureux de voir ses élèves découragés : « Nous n’avons pas eu la chance de faire un opéra convenable. Nous avons laissé tomber les récitals de chant et abandonné l’idée de performer devant un public. Comme artiste lyrique, j’ai trouvé ça très dommage. »

M.Yves Adam

Professeur de musique à l’école secondaire Ozias-Leduc, Yves Adam a lui aussi été forcé de quitter ses locaux habituels pour un espace plus vaste. C’est dans le grand auditorium de la polyvalente qu’il a dû s’installer avec ses élèves pour donner ses cours. Non pas sur la scène, mais au parterre pour s’assurer du respect de la distanciation.

« À la maison c’était difficile »

Pratiquer en groupe sur une plateforme virtuelle n’était pas une option pour le professeur de secondaire : « Avec la connexion internet de chacun, les décalages et les soucis techniques, ce n’était vraiment pas possible de jouer ensemble ».

Néanmoins, tous les moyens étaient bons pour pratiquer chez soi, a expliqué le professeur qui ne pouvait compter que sur la motivation de ses étudiants. L’objectif pour M. Adam était de demander à ses élèves de pratiquer à la maison pour maximiser leur temps en classe. Une proposition qui aura été difficile à respecter pour de jeunes adolescents qui sont en manque de motivation. Il a rapidement remarqué que certains avaient le moral bas lors des exercices virtuels : « Le vendredi à la dernière période, je voyais clairement qu’ils n’étaient plus là ».

« Ça dépend des jeunes, les passionnés pratiquent même lorsque le ciel leur tombe sur la tête. », estime-t-il.

Questionné quant à l’impact des élèves démotivés sur son moral, M. Yves soutient que la coopération entre professeurs l’a beaucoup aidé dans les moments d’incertitude. « Il y en a qui dépriment, moi heureusement, je ne déprime pas », a-t-il confié.

« C’est une question de personnalité » croit le professeur qui assure ne jamais avoir perdu le moral. Il déclare en riant « avoir toujours entendu la musique au bout du tunnel ».