Un deuxième vaccin d'ici la fin de l'année

Tous connaissent l'adage "un c'est bien, mais deux c'est mieux". Est-ce que ce dernier s'applique pour les vaccins visant à contrer la COVID-19? Tout porte à croire que oui.

Un deuxième vaccin d'ici la fin de l'année

Le Canada recevra prochainement 168 000 doses d'un second vaccin, celui de Moderna, qui arriveront dans les 48 heures après son approbation par Santé Canada. Du lot, environ 20 % sont destinées au Québec.

"Le Canada a conclu une deuxième entente pour recevoir plus tôt des doses de vaccins contre la COVID-19", a fait savoir le premier ministre Justin Trudeau en point de presse, mardi. L'accord fera entrer au pays 168 000 doses du vaccin de la firme américaine Moderna, toujours en attente du feu vert de Santé Canada. Ces doses font partie de l'entente de 40 millions de vaccins conclue entre le Canada et la compagnie pharmaceutique.

Santé Canada compte approuver le vaccin de Moderna au cours des prochains jours. Ottawa a déjà prévu recevoir au moins deux millions de doses du produit d'ici le 31 mars.

"La semaine prochaine, nous recevrons 200 000 doses faisant partie du total prévu avec Pfizer. De plus, nous aurons 70 sites de vaccination pour ces doses, donc 56 de plus que cette semaine, a fait savoir M. Trudeau. Le Canada a maintenant des ententes pour recevoir jusqu'à 17 000 doses avant le 1er janvier."

"On devrait être capable de vacciner entre 15 000 et 17 000 personnes supplémentaires au Québec", précise de son côté Benoît Mâsse, professeur titulaire de l'École de santé publique de l'Université de Montréal.

Une technologie avancée

Les vaccins de Pfizer et de Moderna utilisent la même technologie basée sur l'injection d'un ARN messager artificiel créé en laboratoire à partir d'une des protéines du virus. "Il y a des différences au niveau de la capacité à les garder à différentes températures, explique l'immunologiste André Veillette. Celui de Pfizer a besoin d'être gardé à -70 °C dans des ultra-congélateurs ; celui de Moderna tolère des températures de -20 °C".

Cette double possibilité médicale se justifie très bien selon le toxico-pathologiste, Jean-François Lafond. "Si vous avez un mal de tête, vous pouvez prendre du Tylenol ou de l'Advil [...]. Généralement, pour un vaccin contre un virus, ce qu'on cherche à faire, c'est provoquer une réaction de notre système immunitaire en l'exposant à une ou plusieurs protéines provenant du virus. Le virus lui-même étant formé de plusieurs protéines différentes, les chercheurs peuvent décider de cibler d'autres protéines, et ça explique qu'il y ait différents vaccins."

Le Dr Veillette, également membre du groupe de travail sur les vaccins contre la COVID-19 du gouvernement du Canada, a recommandé au gouvernement canadien d'avoir un portfolio de vaccins. "Il faut investir pour avoir des ententes pour trois types de vaccins (ARN, protéines et vecteurs viraux), chacun avec au moins deux compagnies", déclare-t-il.

Pour leur part, les Territoires-du-Nord-Ouest, au regard des défis auxquels ils font face, ont préféré attendre d'avoir le vaccin de Moderna, qui se conserve plus facilement. "Sinon, ça va être trop compliqué d'avoir des ultra-congélateurs sur de grands territoires comme ça et d'être capables de déplacer toute la population pour aller dans un centre", avance le Dr Veillette.

La situation n'est pas idéale non plus pour les pays pauvres ou en voie de développement. "Oui, le Canada a réussi à sécuriser toutes ses doses pour l'année à venir, mais la plupart des pays qui n'ont pas les ressources du Canada [...] n'ont aucun moyen de sécuriser des doses et, malheureusement, j'ai bien l'impression que ces pays qui n'ont pas des ressources comme celles du Canada vont passer deuxièmes, déplore le professeur Benoît Mâsse. Des vulnérables, il y en a ici, mais il y en a dans les autres pays aussi, ils ne s'arrêtent pas à la frontière. Je trouve ça difficile de laisser les pays avec moins de ressources passer en second."