Un changement de culture au cœur du plan pour lutter contre l’itinérance
Un plan pour lutter contre la croissance de l’itinérance au Québec a été annoncé hier par le ministre de la Santé et aux Services sociaux Lionel Carmant. Ce plan regroupe plusieurs aspects de l’itinérance, mais surtout les sans-abris ainsi que les femmes et les Premières Nations.
Les réactions positives sont nombreuses, mais certains récalcitrants se questionnent quant aux réelles actions qui vont être posées. « C’est bien beau les chiffres, mais tant qu’on ne verra pas de différence dans notre quotidien, on ne sourira pas plus qu’avant », affirme Christian, aux côtés de deux autres personnes en situation d’itinérance tout près de la station de métro Mont-Royal.
Bien que le plan présenté par le ministre Carmant est inclusif, il ne touche pas particulièrement l’intégration des jeunes sans-abris fixes. Yanik Robert, gestionnaire d’appartements supervisés pour adolescents à Montréal, rappelle qu’il ne faut pas négliger les jeunes. « Lorsqu’on est malheureusement obligé de faire quitter les jeunes à 18 ans, il n’est pas rare que ces jeunes doivent passer par l’itinérance et le plan d’action n’amène pas de ressources concrètes pour les aider à s’intégrer dans ce mode vie, ou même de s’en sortir. Bien que le gouvernement débloque des fonds pour les jeunes, aucune nouvelle action directe n’est prévue et il est décevant de les voir subir cet oubli ».
Une somme d’argent bien divisée
La plus grande partie des fonds investis, soit 77 millions, est prévue pour le maintien ou l’accès au logement des personnes itinérantes. Le ministre Carmant veut changer la culture dans la prise en charge des sans-abris en amenant ces personnes vers le logement de transition et même le logement permanent supervisé. « Savoir que de l’argent va être donné pour nous permettre de vivre en logement supervisé, ça va faire enfin changement des centres d’hébergement toujours pleins », se soulage Jean-Paul, errant dans les stations de métros de Montréal et différents centres d’hébergement depuis près de 15 ans.
Quelque 30 millions de dollars sont liés aux services de proximité en itinérance. Le transport de sans-abris d’une ressource à une autre en est pour beaucoup, un aspect primordial dans la lutte contre l’itinérance. C’est notamment un problème pour les ressources en région. « Dans un hébergement en région, lorsque l’on doit refuser du monde parce qu’on est plein, nous avons parfois un billet d’autobus à donner, mais on s’entend qu’un billet d’autobus, c’est loin d’être assez pour se rendre à Montréal, là où se retrouve la majorité des ressources », explique Audrey-Ann Lachance, intervenante dans un centre d’hébergement à Saint-Eustache.
L’intervenante rappelle que les personnes itinérantes sont très stigmatisées, ce qui crée une sorte de découragement pour plusieurs lorsqu’il est temps de faire des démarches pour aller dans un hébergement plus loin.
« Une amélioration des transports va faciliter l’inclusion des personnes en situation d’itinérance en plus de leur sécurité en hébergement, je suis convaincue. C’est probablement un des meilleurs investissements de ce plan d’action du gouvernement », affirme Mme Lachance.