Élections municipales : rendez-vous manqué chez les jeunes

Élections municipales : rendez-vous manqué chez les jeunes
Crédit : Unsplash


Le taux de participation chez les jeunes aux élections municipales diminue avec les années. En 2017, à peine un Montréalais sur quatre âgé de 18 à 25 ans a exercé son droit de vote. Quatre ans plus tard, ils semblent toujours aussi désintéressés.

« Je ne sens pas que le municipal m’affecte tant que ça », a avoué un étudiant du Cégep du Vieux Montréal lors d’une courte entrevue avec l’Atelier. Cette réaction, répandue chez plusieurs élèves scolarisés, illustre que les stratégies pour aller chercher cette partie ont échoué.

Selon une étude d'Élections Canada, le taux de participation des nouvelles cohortes de jeunes électeurs est particulièrement faible. Un écart qui est encore plus marqué lors d’élections municipales. Celles-ci, qualifiées comme « moins importantes » par plusieurs étudiants avec qui l’Atelier s’est entretenu, suscitent une forte désaffection .

Ce constat est pourtant paradoxal lorsqu’on le compare avec l'engouement des jeunes envers les enjeux actuels. Selon la même étude, ils sont plus susceptibles que les autres groupes d’âge à se mobiliser différemment en prenant part à des manifestations par exemple. Plusieurs des étudiants interrogés ont affirmé se soucier des causes comme l’environnement ou l'accès aux logements. Or, cet engagement ne se traduit d’aucune manière à leur présence aux urnes.

Une participation famélique

À l’heure actuelle, le pourcentage de jeunes ayant voté aux dernières élections n’est pas connu du public. Toutefois, du côté de la population en générale, les chiffres témoignent d'une diminution du taux de vote de 6,1 % depuis les élections de 2017.

Le manque d’outils favorisant la compréhension de la politique municipale peut, entre autres, être un facteur de découragement pour la population. Parmi les personnes questionnées, plusieurs ont affirmé ne pas comprendre la différence entre les compétences fédérales, provinciales et municipales. Quant à celles qui maîtrisaient davantage le sujet, elles ont admis mal saisir l’impact que la politique locale peut avoir sur les enjeux qui leur sont chers.

De plus, l’absence d’opposition dans certaines régions peut venir s'ajouter au découragement déjà présent chez les jeunes. Confrontés au même candidat depuis des années, ils ne conçoivent pas les avantages de voter.

Un vote qui compte

Peu d'adultes de 18 à 25 ans se sentent interpellés par la politique municipale puisqu’elle est, à leurs yeux, moins importante que la politique fédérale ou provinciale. Il serait logique de penser que plus la politique couvre de grands territoires,  plus elle implique de grandes répercussions tangibles.

Selon Jean-Pierre Beaud, professeur au Département de science politique de l'Université du Québec à Montréal (UQAM), il n’y a pas de doute, la politique municipale peut être le berceau de changements substantiels.

Des enjeux comme l’environnement et l'éducation sont souvent considérés comme de « gros dossiers » allant au-delà des compétences municipales. M. Beaud rappelle l’impact réel des décisions prises par les municipalités pour diminuer la pollution grâce au recyclage et au compostage.

« C'est là que de grandes choses se jouent, a affirmé l'enseignant. Certes, le pouvoir est limité, mais les décisions peuvent se traduire très concrètement. Au national et à l'international, c'est très difficile d'arriver à des décisions. »

Il faut toutefois pouvoir se reconnaître dans les candidats qui nous sont présentés. « Si plus de candidats aux élections représentaient différentes tendances avec un discours qui rejoint [les jeunes], probablement que ceux-ci seraient plus enclins à voter », explique-t-il.

Une campagne tournée vers l’avenir

Afin d’encourager les jeunes à voter le 7 novembre, le « youtubeur » Émile Roy a collaboré avec l'Union des municipalités du Québec (UMQ) le temps d'une courte vidéo, dans le cadre de la campagne Aux élections municipales, je vote!, destinée aux 18-25 ans.

« La vidéo a été publiée sur ma page et a rejoint des milliers de personnes, a fièrement indiqué le vidéaste de 22 ans. J'ai même reçu des commentaires de jeunes disant qu’elle les avait convaincus d'aller voter. »

Les jeunes adultes ont aujourd'hui des causes qui leur tiennent à cœur, a-t-il précisé. Le mouvement Black Lives Matter en est un bon exemple, tout comme les enjeux contre les violences sexuelles. S'il est heureux de constater que les gens autour de lui sont conscientisés, il aimerait aussi voir transposer cette énergie vers un engagement démocratique.

Rappelons qu’aux élections de 2017, ce ne sont  que  24,5% des Montréalais âgés de 18 à 25 ans qui ont voté. Émile Roy souhaite que la campagne ait un impact sur le taux de participation au scrutin et que cette forme d’engagement devienne une habitude.

« Il y a certainement encore beaucoup de travail à faire, avoue-t-il. Il y a ce cliché entourant la politique municipale qui dit que c'est les "trucs" de la vie quotidienne, la gestion des déchets et les parcs, et c'est tout. En réalité, le municipal gère des enjeux extrêmement gros, mais qui commencent dans le quotidien. »