«Ulster American» : pièce sans frontières
Traitant d’enjeux actuels, la pièce Ulster American, adaptée en français au Théâtre La Licorne et présentée ce soir en première, résonne au Québec malgré sa provenance étrangère.
Injustices de genre, questions identitaires, incohérences des discours : les thèmes au cœur de Ulster American, du dramaturge d’origine irlandaise David Ireland, transcendent la culture dans laquelle la pièce a vu le jour. « On n’a pas besoin d’être en Irlande pour apprécier la pièce ; ici, ça fait écho », estime Maxime Denommée, qui met en scène Ulster American.
Ayant auparavant monté d’autres pièces de théâtre irlandaises, Maxime Denommée établit d’ailleurs un parallèle entre le Québec et l’Irlande. « On a beaucoup d’affinités, on est comme des Gaulois, note-t-il. On revendique notre indépendance, on est entourés de cultures dominantes, alors il y a des liens à faire. »
Des dynamiques universelles
Aux yeux de Maxime Denommée, les dynamiques abordées par les personnages dans la pièce sont universelles, notamment celle de la « mexplication ». « C’est surtout ça, le miroir grossissant que la pièce nous renvoie : ces hommes qui pensent avoir la vérité, qui expliquent aux femmes qu’ils pensent mieux comprendre qu’elles-mêmes ce qu’elles ont écrit, et ce qui serait bon pour leur pièce », fait valoir le metteur en scène.
Ulster American raconte un quiproquo qui tourne au vinaigre : un acteur américain débarque à Londres pour une pièce dans laquelle il pense jouer un personnage irlandais catholique. Il souhaite se rapprocher par ce rôle de ses prétendues origines irlandaises, alors que son personnage et l’autrice de la pièce en question se considèrent britanniques et sont protestants.
Si la pièce se déroule en Angleterre, cela ne devrait pas freiner la réception du public à l’œuvre, selon Maxime Denommée. Il s’agit de l’essence de Ulster American, et il n’a jamais été question de transposer l’intrigue au Québec. « Quand [Michel Tremblay] est monté ailleurs, on ne change pas les noms de villes ou les noms de rues », relève-t-il.
Du théâtre essentiel
Traduire le sentiment qui l’a habité, déceler les angles morts des personnages masculins et comprendre l’injustice que subit la femme dans Ulster American : voilà le rôle qu’entrevoyait Maxime Denommée en montant la pièce. « J’essaye que le spectateur ait la même sensation que moi à la première lecture, mentionne-t-il. Pour moi c’est important de faire du théâtre essentiel, qui parle des choses d’actualité et là, c’est le cas. »
Ulster American se voulant une satire grinçante du monde du théâtre, où la prétention n’est pas rare, Maxime Denommée raconte avoir éprouvé beaucoup de plaisir à monter ce spectacle. « Il y a beaucoup d’autodérision sur le milieu théâtral, et ça, c’est très drôle, relate-t-il. Dans ce cas-ci, ça fait du bien de rire de soi-même aussi. »
La pièce Ulster American est présentée au Théâtre La Licorne du 19 octobre au 13 novembre 2021.