Transport collectif de l’agglomération de Montréal : « ça prend des sous »
DOSSIER: Repenser le transport en commun. Le manque de financement et l’exode urbain mettent à mal le réseau de transport collectif de la région métropolitaine.
Le 22 mars dernier, le ministre des Finances, Eric Girard, déposait le budget du Québec 2023-2024 annonçant une somme de 400 millions de dollars prévue pour les transports en commun.
Cette somme vise notamment à empêcher les baisses de services dans le transport collectif.
Quoique bien accueillies par les principaux acteurs du réseau, ces sommes ne réussiront pas à résoudre aux différents problèmes qui guettent l’industrie du transport en commun.
Selon l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM), les besoins s’élèvent à 500 millions de dollars pour l’année 2023 afin d’aider les exploitants du réseau du Grand Montréal.
Remanier le financement
Les experts sont du même avis: une des solutions afin d’assurer la santé économique en matière de transport collectif est de diversifier les sources de financement. Jusqu’à présent, le financement du réseau de transport collectif est assumé par le Fonds des réseaux de transport terrestre (FORT). Les coffres de ce fonds sont renfloués principalement par la taxe sur le carburant.
La professeure associée du Département d’études urbaines de l’Université du Québec à Montréal Florence Junca-Adenot précise que de lever le gel de l’imposition sur la taxe sur le carburant imposé en 2013 contribuerait de façon significative. « Le prix de l’essence a monté, mais pas l’apport qui revient au financement du transport. Là-dessus, le gouvernement n’a rien fait», déplore-t-elle.
Le coordonnateur de l’Alliance TRANSIT, Samuel Pagé-Plouffe, affirme dans un communiqué de presse de l’ARTM qu’«il sera essentiel de bonifier les sources de financement pour la mobilité à très court terme, en plus de l’entente sur cinq ans. Forcément, le gouvernement doit se tourner vers l’écofiscalité ».
Étendre l’offre de service
La réduction de l’achalandage dans les transports en commun a aussi son rôle à jouer dans le trou budgétaire qui s’est creusé durant la pandémie, notamment, en lien avec l’adoption du télétravail. Selon la Société de transport de Montréal (STM), le taux d’achalandage serait à 70% de ce qu’il était avant la pandémie, ce qui contribue à la perte de revenu du réseau.
« Il faut répondre à l’ensemble des besoins de déplacement, pas juste au trajet domicile-travail »
- Sarah V. Doyon
Selon la directrice générale de Trajectoire Québec, Sarah V. Doyon, il est nécessaire d’apporter des changements qui seront ressentis par l’utilisateur afin d’inciter la population à utiliser le réseau: «Il faut répondre à l’ensemble des besoins de déplacement, pas juste au trajet domicile-travail. Il faut offrir un meilleur service qui ne soit pas dans les heures de pointe, comme la fin de semaine, ainsi qu’avoir une meilleure couverture sur un plus grand territoire.» L’exode rural occasionné en partie par la pandémie a aussi contribué à la diminution de l’achalandage dans le réseau de la métropole.
Mme Junca-Adenot est du même avis: « Face à un étalement urbain de citoyens et des entreprises qui quittent les agglomérations, il faut revoir l’aménagement du territoire afin de pouvoir créer une desserte intelligente par un réseau de transport collectif [...]. Pour faire ce genre de choix, ça prend des sous.»