Des représentants d'associations pédiatriques implorent Ottawa de prioriser la santé mentale des enfants

L'accès aux soins en santé mentale pour les enfants serait la lacune principale à laquelle remédier en matière de services pédiatriques au Canada, ont affirmé mardi matin des présidents d'organismes spécialisés en santé des enfants.

Des représentants d'associations pédiatriques implorent Ottawa de prioriser la santé mentale des enfants
Séance du comité permanent de la santé de la Chambre des communes (HESA) mardi matin portant sur la santé des enfants. (Chambre des communes, ParlVu)

Par Marie-Ève Godin

Au moins 25 % du transfert canadien en santé devrait être réservé pour la santé mentale, plus particulièrement celle des enfants et des adolescents, ont recommandé les témoins experts invités à la séance du comité permanent de la santé de la Chambre des communes (HESA) mardi matin portant sur la santé des enfants.

La présidente du comité exécutif de l'Association des pédiatres du Québec, la Dre Marie-Claude Roy, le président de la Société canadienne de pédiatrie, le Dr Mark Feldman ainsi que la présidente et cheffe de la direction de Santé des enfants Canada, Emily Gruenwoldt, ont été invités à agir comme témoins lors de cette séance afin d'offrir leurs recommandations à la Chambre.

Un plan ambitieux, mais laborieux

Malgré les systèmes de soins psychologiques et psychiatriques déjà établis qui varient selon les provinces et territoires, « les enjeux sont similaires d'un océan à l'autre », affirme la Dre Roy. Selon les trois témoins, le gouvernement canadien doit adopter une stratégie qui préconise la prévention des troubles psychologiques et développementaux, en plus d'augmenter l'accessibilité à des soins abordables et adaptés.

«1,2 million d'enfants et d'adolescents canadiens souffriraient de problèmes de santé mentale suffisamment graves pour perturber leur fonctionnement et leur développement, mais moins de 20 % d'entre eux reçoivent un traitement approprié », cite le Dr Feldman. Ce dernier souligne d'ailleurs le fait que ces lacunes sont d'autant plus saillantes chez les enfants nés de parents réfugiés ou aillant récemment immigré, qui doivent souvent se tourner vers les salles d'urgence en situation de crise.

Selon les porte-paroles présents, la stratégie pancanadienne afin de pallier les problèmes spécifiques à ce groupe d'âge devra ainsi proposer davantage de recherche spécialisée et de formations offertes pour les professionnels pratiquants. Le tout devra aussi comprendre une analyse des délais en place afin d'augmenter l'accès aux services, surtout dans les régions éloignées et pour les populations autochtones.

Une situation multidimensionnelle au Québec

Si la présidente du comité exécutif de l'association des pédiatres du Québec a partagé les inquiétudes des deux autres témoins présents à la séance du HESA mardi matin, la Dre Roy est d'avis que l'encadrement des enfants et des parents de jeunes patients souffrant de maladies chroniques est crucial au Québec à l'heure actuelle.

À ce sujet, la Dre Roy a nommé deux grands enjeux en matière de prestation des soins : le manque d'appui pour les parents servant de proches aidants pour leurs enfants souffrant d'une maladie chronique dès la naissance ainsi que l'absence d'un système solide assurant le transfert de ces patients vers des soins pour adultes. En partie grâce aux avancées médicinales des dernières années, ces patients atteignent de plus en plus la majorité, mais peinent à effectuer une transition harmonieuse vers les services qui leur sont offerts à l'âge adulte.