Cégeps en spectacle ouvre grand ses bras aux langues autochtones
Auparavant francophone depuis plus de quarante ans, le concours acceptera désormais des prestations dans les langues autochtones du Québec. Les futurs candidats pourront alors s'illustrer dans l'une des huit catégories proposées dans la langue de leur choix.

Par Camille Dehaene
Dans un communiqué publié mardi, le Réseau intercollégial des activités socioculturelles du Québec (RIASQ) s'est dit fier d'accepter les langues autochtones au sein de Cégeps en spectacle (CES), considéré comme le concours le plus ancien et le plus prestigieux au Québec.
Selon, Mathieu McKenzie, artiste innu membre du groupe Maten ainsi que juge à la dernière finale locale de CES du Cégep de Sept-Îles, cette initiative s'inscrit dans une " tendance à l'ouverture, au rapprochement et à la réconciliation " sur la culture autochtone.
Cégeps en spectacle suit l'exemple des Francouvertes, qui, plus tôt cette année avaient autorisé la participation d'artistes autochtones dans leur concours. Ces deux initiatives s'inscrivent d'ailleurs en plein dans la Décennie internationale des langues autochtones.
Une richesse de langues locales
Dans son communiqué, le RIASQ déclare reconnaître que les cultures autochtones " font partie intégrante de l'identité et de la richesse québécoise et que leurs langues ne représentent d'aucune façon une menace pour la langue française ".
" Les langues autochtones, ce n'est pas des langues étrangères […] Ça fait longtemps que nous on est là au Québec et au Canada ", soutient le membre du groupe Maten.
Il souligne en revanche que ces langues sont de plus en plus en péril : " On a de la misère avec nos enfants qui parlent beaucoup le français ou l'anglais ". Pour lui, la décision du RIASQ est une belle occasion de "pouvoir performer dans notre langue maternelle, dans nos langues d'origines ", tout en revitalisant et en sauvegardant leurs patrimoines culturels.
" Je dis merci à tous ces organismes-là qui sont prêts à nous donner la place qu'on mérite pour diffuser toutes nos belles langues ", affirme M. McKenzie. Il ajoute que l'inclusion des langues autochtones va permettre une valorisation de ces langues auprès de tous.
Une ouverture pour le futur
Ces dernières ouvertures avec la culture autochtone laissent entrevoir de nouvelles possibilités pour le futur. M. McKenzie aimerait l'idée d'un prix pour récompenser les participants qui utilisent les langues autochtones, par exemple.
Il espère également que le concours, réputé pour servir parfois de tremplin pour certains artistes, pourra aider de jeunes autochtones à se lancer dans une carrière : " Peut-être qu'on va voir un jeune atikamekw, un jeune innu, jeune mi'kmaq gagner le concours dans le futur [ce] qui va le propulser à travers le Québec, [voire] le monde", espère-t-il.