Rencontre avec Stoylov
L'introverti à la plume sensible lance son premier projet solo
Stoylov est le nom d'artiste du Montréalais Nicolas Dubé, 27 ans, qui présentait le vendredi 9 avril son premier titre, Concrete Arrows, issu de l'album Miles of Interruptions qui sortira le 21 mai prochain. En entrevue pour L'Atelier, il parle de son projet, qu'il a écrit dans le contexte particulier de la COVID-19.
C'est la première fois que j'ai un projet à cœur dans lequel je n'ai pas peur d'investir.« - Stoylov
Quel est ton parcours
musical ?
Ça fait depuis que j'ai 17 ou 18 ans que je produis des albums. Ça a vraiment commencé de façon autodidacte avec un petit logiciel gratuit et un microphone très basique, et j'ai fait peut-être 12 chansons. Après ça, j'ai rejoint le groupe Pop Goes, un groupe de garage psychédélique. Puis, on a fait un album, Fantôme populaire, en 2014. J'ai aussi formé un groupe, mais à un moment donné, au niveau de la direction artistique, ça ne fonctionnait plus entre nous. Donc j'ai décidé de revenir un peu à la base. Je travaille bien seul. Je suis quelqu'un d'assez introspectif.
Tu es un artiste émergent. À quelles difficultés fais-tu face dans le contexte sanitaire actuel ?
Oui, ça fait dix ans que je suis émergent ! Mais c'est la première fois que j'ai un projet à cœur dans lequel je n'ai pas peur d'investir. Je dirais que faire un album et se faire écouter, c'est déjà difficile, même sans être en temps de pandémie. Se faire écouter sur les 30 000 chansons qui sortent chaque jour sur Spotify et se trouver un public dans tout ça, c'est vraiment difficile. Nous, les artistes, on a tendance à mettre beaucoup de temps, d'énergie et d'argent sur la production d'un album, mais pas sur la promotion.
Comment fais-tu pour promouvoir ta musique ?
Pour mon album qui sort bientôt, j'ai payé pour la promotion web. Moi, ça m'a libéré. Dans le contexte actuel, il y a plein de moyens de s'adapter. C'est juste que c'est dur de capter l'attention des gens. Un spectacle, ça dure environ une heure. Mais les gens ne vont pas regarder une vidéo d'une heure sur leurs réseaux sociaux. Il faut s'adapter à une espèce d'instantanéité. C'est pour ça que j'ai préparé un lancement qui va se dérouler en ligne et qui dure 15 minutes. Je travaille aussi sur des clips vidéo pour pousser mes chansons sur le web.
Comment le contexte actuel a-t-il affecté ton travail ?
Pour moi, c'est plus facile en temps de pandémie parce que j'ai le temps de juste faire de la musique. Ça a été positif, paradoxalement. Faire des spectacles (et j'en ai fait !), ça génère beaucoup de stress. C'est plus difficile pour moi de faire des représentations, et tout ça fait que la pandémie, ça a été comme un relâchement pour moi. J'avais plein de temps pour moi, à passer au studio pour peaufiner mes choses.
Tu aimes ça, quand même, faire des concerts ?
Oui, mais ça me demande un bon état d'esprit. C'est difficile parce que ça m'amène à parler, à dire merci, choses pour lesquelles je ne suis pas forcément très à l'aise devant un public [rires]. Mais les gens méritent d'avoir l'expérience du spectacle. C'est pour ça qu'il faut que je sorte de ma zone de confort, quitte à faire des erreurs.
Qu'est-ce qui t'inspire ?
Pour Concrete Arrows, je me suis inspiré d'une performance de Marina Abramović et Ulay dans laquelle ils tiennent tous les deux un arc tendu, dont la flèche est pointée sur Abramović. Je trouve qu'il y avait quelque chose de vraiment puissant dans le message. Dans une relation, ça demande autant d'être vulnérable que d'avoir confiance en l'autre. Dans mes inspirations, je pourrais aussi citer des auteurs, comme Dostoïevski. Il y a beaucoup d'œuvres artistiques qui résonnent en moi et qui ne sont pas musicales. C'est ça qui m'aide à articuler les thèmes pour l'écriture.
Comment caractériserais-tu ta musique ?
Dans mon travail artistique, mon but principal, c'est de faire vivre quelque chose d'intérieur. Mon album a un côté enveloppant. Quelque part mélancolique, mais pas non plus dépressif. Tu sais, je pense qu'on peut avoir un sourire en écoutant ça. J'aborde beaucoup les rapports intimes avec des personnes que j'ai côtoyées, que ce soit des amis, des relations amoureuses ou ma sœur, mes parents.
Stoylov, ça vient d'où ?
Je dirais que ça fait un peu écho à mon goût pour la littérature russe. Mais Stoylov, c'est aussi une personne que ma copine a connue au secondaire et qui a été portée disparue. Ça m'a vraiment parlé pour une raison x, et je trouvais que ça sonnait bien aussi. Je sais que c'est un joueur de soccer aussi, mais ça n'a aucun rapport !