Regard sur le nouvel échiquier politique montréalais

Regard sur le nouvel échiquier politique montréalais
Valérie Plante a été réélue mairesse le 7 novembre dernier. Photo: François Robert-Durand

Par Siméon Dumont et Tom Imler

La plus longue campagne électorale municipale des 20 dernières années s’est conclue le 7 novembre dernier après 52 jours. À Montréal, ce sont finalement une mairesse, 18 maires d’arrondissement, 46 conseillers de ville et 38 conseillers d’arrondissement qui ont été élus.

La campagne sur l’île opposait principalement trois partis distincts. D’abord, Projet Montréal avec sa cheffe et la mairesse sortante Valérie Plante et Ensemble Montréal dirigé par Denis Coderre qui effectuait un retour en politique municipale depuis sa défaite contre la mairesse Plante en 2017. La campagne de 2021 à Montréal accueillait également un nouveau parti en Mouvement Montréal mené par l’ancien joueur de football dans la ligue canadienne Balarama Holness. D’autres partis et candidats indépendants se sont présentés, mais les voix ont, en grande majorité, été séparées par les trois partis nommés. Les partis ont beaucoup débattu, au courant de la campagne ,d’enjeux comme l’environnement, la sécurité dans la ville, l’accessibilité aux logements et de questions reliées à la langue sur l’île.

La mairesse Plante et Projet Montréal: quatre ans de plus

Les citoyens qui se sont rendus aux urnes ont finalement réélu la mairesse Valérie Plante en lui accordant 52% des voix. Projet Montréal et leur cheffe entreprennent donc un deuxième mandat avec une belle marque de confiance chez les électeurs. Du côté d’Ensemble Montréal – Équipe Denis Coderre, le parti a amassé 38% des voix pour arriver bon deuxième et la campagne difficile du chef pourrait expliquer le résultat.

Des membres d’Ensemble Montréal y sont même allés de commentaires cinglants à l’égard de leur parti et de l’ancien chef. La Presse rapportait que le candidat bien connu Hadrien Parizeau qui a fait campagne dans Ahuntsic-Cartierville a affirmé dans un mail que « c’est la défaite de Denis Coderre qui m’a tiré vers le bas ». Il poursuit en écrivant qu’il ne le « prenait pas personnel » et qu’il allait « se cracher dans les mains et recommencer ».

L’ancien maire de Montréal de 2013 à 2017 a véritablement miné les chances de son parti avec plusieurs bourdes et affirmations dans les semaines précédant l’élection. D’abord sa position confuse au sujet de la langue française et sur la loi 96 dans la métropole a créé une polémique. Une nouvelle au sujet d’un géant de l’immobilier montréalais qui aurait rémunéré M. Coderre pendant deux ans a également fait couler beaucoup d’encre et en a ajouté à la campagne difficile du chef et de son parti que quatre jours avec l’élection.

Chez Ensemble Montréal :

Aref Salem, nouveau leader de l’opposition à l’hôtel de ville, aura la responsabilité de rehausser l’image du parti. Après une douzaine d’années à représenter les citoyens du district de Norman-McLaren dans Saint-Laurent, les 38 élus d’ensemble Montréal ont choisi de faire confiance à celui qui avait déjà codirigé la commission des transports et des travaux publics de 2013 à 2017.

Une confiance à rebâtir :

Après une telle défaite, la remise en question et de mise au sein d’ensemble Montréal et Mr Salem ne s’en cachent pas, « Les électeurs ont parlé, et leur réponse est sans appel » avoue d’entrée celui qui va devoir rebâtir une confiance entre le parti et la population.

Aref Salem adresse la campagne houleuse de Denis Coderre.

Bien qu’il reconnaisse les erreurs qui ont pu coûter la victoire à son parti, Mr. Salem avoue ne pas aimer regarder en arrière. Il sait, cependant, que la construction d’un futur radieux passera par l’analyse des échecs passés. « Il y aura un post mortem, nous allons nous pencher sur ses échecs et on reviendra plus fort ».

Une nouvelle Plateforme :

Les défis seront nombreux pour Ensemble Montréal, mais selon Aref Salem la priorité reste la formation des nouveaux élus qui viennent de rejoindre le navire. Dans un second temps il faudra renouer le lien et le contact avec la population pour redevenir une force politique à part entière. « Le but sera de proposer une véritable alternative en 2025 ».

C’est ce même contact avec les habitants qui permettra selon lui de proposer une plateforme cohérente en 2025. Toutes ces démarches seront évidemment tournées vers la jeunesse, qu’il définit comme le futur.

Questionné sur les axes de cette future plateforme, Mr. Salem avoue avec réalisme que cela prendra du temps : « Ce travail n’aura pas lieu sur des jours ou des mois, mais bien sur quatre années »

« Une opposition constructive »:

Bien que le rôle d’Ensemble Montréal semble limité pour les prochaines années, le nouveau leader du mouvement aimerait proposer une « opposition constructive ». Il entend tendre la main à l’équipe de Valérie Plante lorsque celle-ci en aura besoin, que ce soit pour des modifications de loi auprès du gouvernement fédéral ou pour d’autres sujets. Cependant, il ajoute que son parti n’oubliera pas de mettre la pression à la mairesse lorsque cela sera nécessaire.

« Quand il faudra critiquer l’administration, je la critiquerai ».

Du côté de Projet Montréal :

Pierre Lessard-Blais se représentait comme maire d’arrondissement dans Mercier-Hochelaga-Maisonneuve après avoir été élu lors des élections de 2017. Dans le quartier, le membre de Projet Montréal tente de sensibiliser les citoyens au commerce local et à la solidarité sociale, éléments bien importants dans un quartier comme Hochelaga-Maisonneuve. Il propose aussi une vision verte pour l’Est de Montréal en réponse aux problèmes climatiques. Cependant, l’enjeu principal dans le quartier reste l’accessibilité au logement. Lorsque questionné à ce sujet, il avance ceci : « La question du logement est au cœur de ce qu’est Hochelaga-Maisonneuve ».

Pierre Lessard-Blais, maire d'arrondissement dans Mercier-Hochelaga-Maisonneuve. Photo: Mélanie Dusseault

Dans l’extrait suivant, il dépeint le quartier comme un endroit effervescent rassemblant plusieurs personnes aux situations bien diverses qui cohabitent, malgré les différences, bien ensemble.

Le maire d'arrondissement s'exprime au sujet du quartier.

L’enjeu principal :

Avec cette mixité sociale, des solutions doivent être prises pour pallier l’inaccessibilité aux logements que vivent plusieurs habitants d’Hochelaga.

« En général, il y a une mouvance dans Hochelaga-Maisonneuve anti-condos » indique le maire.

Bastien Blancho, citoyen du quartier, approuve le message du maire. « Clairement dans les enjeux dans Hochelaga, je dirais la gentrification. En ce moment, on a beaucoup de gens qui ont besoin de logements et Hochelaga a toujours été un quartier accessible pour tous. Présentement avec les projets de condos, on voit que la gentrification commence à rentrer sur le terrain des gens qui n’ont plus les moyens de se loger. »

Tout n’est pas rose et M. Lessard-Blais expose une partie du problème. « Ce qu’on vit présentement à Montréal, c’est un manque du financement des logements sociaux en plus d’un sous-financement de la rénovation des HLM. »

Avec les autres enjeux d’environnement, de sécurité dans les rues de la métropole, de transport et de logement, Projet Montréal aura un échéancier chargé au cours des quatre prochaines années et devra travailler fort pour encourager la qualité de vie des citoyens.