Quel avenir pour le Bloc Québécois?

Quel avenir pour le Bloc Québécois?
Le chef du Bloc Québécois, Yves-François Blanchet

Aux termes des Élections fédérales 2021, le Bloc Québécois dépasse le parti Libéral de Justin Trudeau en nombre de votes au Québec. Ce support populaire est symbole d’une confiance de l’électorat québécois envers le Bloc et son chef Yves-François Blanchet, mais les attentes étaient très grandes.

En effet, Yves-François Blanchet et son équipe du Bloc Québécois visaient grand lors des Élections fédérales 2021. De façon plutôt inhabituelle pour un chef de parti, il a annoncé dans la campagne que l’objectif du Bloc était de 40 sièges à la Chambre des communes du Canada. Au moment d’écrire ces lignes, l’objectif n’était pas atteint puisque le parti se trouve toujours à 32 sièges avec deux députés en tête puisque certaines circonscriptions de la province n’ont toujours pas rendu de résultats finaux. Ces résultats ont possiblement laissé un goût amer au chef Blanchet, lui qui a livré en fin de soirée un discours sobre et dans lequel il s’est abstenu de parler des résultats. Le chef bloquiste a également lancé un laconique « Tout ça pour ça » rappelant l’effort et l’argent déployés dans cette campagne électorale pandémique qui prend, finalement, la forme d’un très dispendieux remaniement ministériel (600 millions $).

Le député bloquiste dans Saint-Hyacinthe-Bagot, Simon-Pierre Savard-Tremblay

Des réussites malgré le statu quo

Toutefois, même avec la pression de cet objectif et la tournure des évènements similaires à ceux de 2019, ça n’a pas empêché plusieurs députés bloquistes gagnants de passer une bonne soirée. C’est le cas pour Simon-Pierre Savard-Tremblay, le député sortant dans Saint-Hyacinthe-Bagot qui a pu retrouver aisément son siège à la Chambre des communes au terme d’une courte soirée électorale. Très tôt dans la soirée, Savard-Tremblay possédait une large avance sur ses plus proches poursuivants, notamment la libérale Caroline-Joan Boucher et le conservateur André Lepage. Le bloquiste termine finalement la course avec 47.8% des voix représentant 24 610 votes en sa faveur. Dans une entrevue livrée au quotidien La Voix de l’Est, Simon-Pierre Savard-Tremblay abordait le soutien important des électeurs maskoutains et affirmait qu’il « retournerait à Ottawa avec un message clair, sans se laisser dicter quoi faire ».

« La part de jeunes Québécois avant Canadiens est de plus en plus grande »

Dans le cadre de ce reportage, Simon-Pierre Savard-Tremblay a accordé à notre équipe de journalistes une courte entrevue sur sa perception de la soirée électorale de lundi dernier, sur sa vision du futur pour le Bloc Québécois et quelques messages à l’endroit d’un électorat plus jeune qui hésiterait à voter pour le Bloc lors d’élections futures. Ses premiers mots reprenaient ceux de son chef :

« Le Premier ministre n’avait pas de raisons claires pour déclencher ces élections et là on se retrouve avec un copier-coller du parlement d’avant », affirme-t-il. « Ça a vraiment été une dépense de 600 millions pour, au final, absolument rien. » Selon lui, les priorités politiques auraient dû être bien différentes en cette période toujours précaire au pays. « La relance aurait dû être une priorité et une relance basée sur une précollaboration entre les partis. » Cette relance s’impose également comme le cheval de bataille du Bloc dans les prochains mois nous confie le député.

Il souligne aussi que la quête de majorité du Premier ministre Justin Trudeau n’était pas actuellement nécessaire. « Ce n’est pas vrai que le Premier ministre ne pouvait pas rien faire et que le parlement était bloqué […] même dans la dernière semaine, on était en train de boucler plusieurs projets de loi en accélérer avant que la session soit levée. »

Lorsqu’on l’a questionné au sujet de l’objectif bloquiste de 40 sièges en Chambre, le député a vanté les autres résultats du parti. « C’est la première fois depuis 2008 que le Bloc est premier en termes de suffrage exprimé au Québec. C’est véritablement un signe que l’on est en train de reconstruire cette option-là pour que les Québécois y retrouvent leur compte. » Après l'avoir questionné quant à d'éventuelles raisons qui pourraient justifier un vote des générations plus jeunes en faveur du Bloc Québécois, le député de Saint-Hyacinthe-Bagot nous a répondu ceci :

La parole aux principaux intéressés

Pour contraster les propos de M. Savard-Tremblay, nous avons rencontré deux étudiants dans la vingtaine et les avons questionné aux sujets de leurs perceptions du Bloc Québécois et des propos du député.

Lionel Opitz, étudiant en 3e année au bac de politique de l’UdeM réagi aux propos de monsieur Savard- Tremblay. « Les jeunes croient en un Québec fort et libre, mais je ne crois pas que le climat actuel soit celui de l’indépendance, les québécois ont toujours été fiers de leur culture et je crois que cela continuera, mais il ne faut pas aller trop vite dans les interprétations. »  Lorsqu’on demande à Lionel s’il estime qu’un élément pourrait faire basculer le Québec dans une vague de souveraineté, il nous offre un point de vue que partage monsieur Savard-Tremblay. « Je pense que tout se jouera dans la réussite ou non de la relance économique au Canada, si jamais une crise économique devait survenir au Canada, il n’est pas sûr que l’ordre des choses actuel resterait établi ».

Louis Arbaud étudiant en génie à la faculté d’ingénierie Polytechnique nous donne également son avis sur les propos de Mr Savard Tremblay. « Bien que je trouve beaucoup de réalité dans les propos tenus par Lionel, je pense aussi que notre génération n’a plus les mêmes préoccupations que les générations précédentes. Bien sûr nous aimons le Québec et nous en serons toujours fiers, cependant les problématiques environnementales et sociales qui entourent notre génération sont à mes yeux beaucoup plus importantes que des soucis de souveraineté. Notre génération est motivée à changer les choses, mais notre bataille et nos dépenses d’énergies doivent être pour modifier un système et pas des frontières. »

Un texte de Tom Imler et Siméon Dumont