Procès Simon Brind'Amour : la colère l'aurait poussé au meurtre

La Couronne met en doute la véracité des propos de l'accusé et du psychiatre de la Défense

Procès Simon Brind'Amour : la colère l'aurait poussé au meurtre

Alors que le procès de Simon Brind'Amour tire à sa fin, la deuxième partie de la plaidoirie de la Couronne s'est fait entendre mardi avant-midi au Palais de Justice de Montréal afin de prouver que c'est la colère qui aurait engendré le meurtre de Josiane Arguin, sa conjointe.

L'épisode de dissociation

Plusieurs éléments ont ressurgis des sept semaines de procès, mais la Couronne a préféré s'attarder, dans la deuxième partie de plaidoirie, sur le fait que le suspect n'aurait jamais eu de période de dissociation qui aurait entraîné la mort de sa conjointe, Josiane Arguin, et que ce serait plutôt la colère qui aurait entraîné sa mort.

Me Katherine Brabant, l'avocat de la Couronne, a répété à maintes reprises les critères d'une période de dissociation nommés par le psychiatre expert du ministère public, Dr. Gilles Chamberland. Le premier critère concerne un moment d'éveil, caractérisé par un dégoût suite à la fin de l'épisode. Le second critère concerne une perte de mémoire suite aux événements et à la période de dissociation. La preuve apportée par la Couronne ne correspond pas avec les critères d'une dissociation.

Selon l'accusé et le psychiatre de la défense, Dr Sylvain Faucher, ce qui aurait déclenché la dissociation serait les cris poussés par la victime. Cette dernière aurait crié qu'elle était une femme battue, en tentant de s'enfuir par les haies de la cour arrière . Pourtant, Dre Faucher a omis d'inscrire le diagnostic de dissociation dans son rapport.

Une colère qui perdure

Simon Brind'Amour se souvient d'avoir répondu "Tu veux être une femme battue, tu vas être une femme battue" à sa conjointe alors qu'elle tentait de s'enfuir. Il se souvient aussi être rentré à l'intérieur de sa résidence pour se procurer une baguette de billard pour ensuite sortir et commencer à la frapper avec l'objet. L'accusé ne devrait pas se souvenir de ces moments s'il avait réellement été dans une période de dissociation.

Tu veux être une femme battue, tu vas être une femme battue - Simon Brind'Amour à Josiane Arguin

L'accusé aurait donné trop de détails à la police et à son ex-conjointe des événements pour avoir souffert d'une période d'oubli. La Couronne soutient plutôt que c'est un excès de colère qui aurait mené au meurtre de Mme Arguin.

La colère contre Josiane Arguin aurait perduré jusqu'à plusieurs semaines après le meurtre de cette dernière. Il aurait envoyé des textos au père de la victime qu'elle était désobligeante et menteuse, 13 jours après la mort de celle-ci. Il aurait raconté à son ex-conjointe que Mme Arguin était manipulatrice et que lors de sa disparition, elle serait partie avec une grosse somme d'argent, ce qui contredit la preuve de la Couronne.

Violence au sein du couple

Le Dr Faucher a maintenu que Simon Brind'Amour aurait vécu un épisode de dissociation en raison du "caractère public" des paroles criées par Josiane Arguin. La plaidoirie a alors démontré que ce n'était pas possible qu'il s'agisse d'un élément à considérer dans le cas de l'accusé étant donné son passé violent.

Selon les dires de l'accusé, il aurait déjà plaqué la victime au sol lors d'une dispute devant un centre commercial. Il l'aurait aussi frappé parce qu'elle aurait brisé une chaîne qui lui appartenait. Selon un des collègues de travail interrogé dans le procès, Brind'Amour aurait dit; "J'y en ai donné une, elle a brisé ma chaîne."

Il n'a jamais été en colère suite aux interventions de ses proches quant à sa violence et ne l'a jamais nié non plus.

Les aveux que Simon Brind'Amour a fait à son ex-conjointe et à la police, ainsi que les nombreux témoignages d'experts et de personnes qui ont côtoyé M. Brind'Amour après le meurtre ont été cruciaux tout au long du procès puisque le corps de la victime n'a jamais été retrouvé.

Simon Brind'Amour est accusé de deux chefs d'accusation, soit de meurtre au second degré et d'outrage à un cadavre de sa conjointe Josiane Arguin en septembre 2018 à Montréal. Il a menti aux policiers et à ses proches pendant deux mois, en faisant croire que la victime avait "disparu".

Le jury doit délibérer mardi à partir de 16h45, ils donneront leur réponse mercredi matin.