Un rassemblement mi-figue mi-raisin pour le Parti québécois
L'ambiance d'abord lourde au rassemblement national du Parti québécois s'est complètement transformée lorsque Paul St-Pierre Plamondon a été déclaré élu, énergisant d'un coup les centaines de militants présents à l'hôtel Mortagne de Boucherville.

Par Thomas Emmanuel Côté
La soirée avait été auparavant très décevante pour le parti, qui n'avait pas réussi à faire élire ses candidats-vedettes. Le momentum de fin de campagne et la bonne performance au vote populaire auront seulement permis au Parti québécois (PQ) de faire élire trois candidats : Paul St-Pierre Plamondon, Pascal Bérubé et Joël Arseneau.
En début de soirée, les partisans étaient conscients que le PQ ne formerait pas le gouvernement, mais ils pensaient pouvoir récolter entre cinq et dix circonscriptions. À 20h08, lorsqu'on a annoncé la formation d'un gouvernement majoritaire par la Coalition avenir Québec (CAQ), on a d'ailleurs pu entendre quelques rires de stupéfaction devant la rapidité de la prédiction, quelques timides huées, mais personne n'était réellement surpris.
" Soyons honnêtes : on s'attendait à un gouvernement de la CAQ majoritaire. Il reste encore beaucoup de circonscriptions à aller chercher pour le PQ. Les résultats sont encore fragmentaires ", a alors affirmé Félix Trudeau St-Cerny, membre du Conseil national des jeunes péquistes.
Deux candidats du PQ étaient en avance dès les premières minutes du dépouillement. Dans Matane-Matapédia, Pascal Bérubé disposait, sans grande surprise, d'une importante majorité, malgré le peu de votes comptabilisés. Il finira d'ailleurs la soirée avec la plus grosse victoire, tous partis confondus.
C'était plus serré dans les Îles-de-la-Madeleine, alors que le péquiste Joël Arseneau et le caquiste Jonathan Lapierre se sont échangé plusieurs fois l'avance, laissant présager une soirée plus difficile que prévue pour le parti de René Lévesque. C'est le député péquiste sortant qui a finalement réussi à s'imposer dans l'archipel. À ce moment, le compteur du PQ indiquait deux candidats en tête pour la première fois. Il continuera à afficher ce chiffre, sans fluctuation, pendant deux heures.
Un moral difficile à garder
Tout au long de la soirée, la vice-présidente du parti effectuait des entrevues plus légères avec des candidats sur la scène et par visioconférence. Or, tous avaient les yeux rivés sur les téléviseurs qui annonçaient les résultats décevants des candidats-vedettes. Le bruit ambiant des murmures des militants a laissé place à un silence presque total lorsqu'ont été annoncées les défaites d'Alexis Deschênes, de Pierre Nantel, de Méganne Perry Mélançon et de Pierre-Luc Brillant. La frustration devant un mode de scrutin peu représentatif du vote populaire s'est aussi emparée de certains militants : le Parti québécois comptait alors 2 sièges et 15% du vote populaire, le Parti libéral frôlait 20 sièges avec 14%.
" Une autre déception signée la CAQ, un autre geste qui encourage le cynisme envers la politique " a déclaré M. Trudeau St-Cerny. Plus posée, la candidate défaite dans Taillon, Andrée-Anne Bouvette-Turcot, a, pour sa part, appelé à " une véritable réflexion sur la manière avec laquelle on choisit nos représentants ".
L'Est de Montréal à la rescousse
L'ambiance de la soirée s'est cependant transformée à 22h02. Les résultats dans la circonscription de Camille-Laurin ont commencés à être dévoilés de manière plus régulière et le chef Paul St-Pierre Plamondon était en deuxième position, seulement 88 voix derrière le député sortant Richard Campeau de la CAQ. Deux minutes plus tard, il prenait les devants ; des cris se sont enfin fait entendre à l'hôtel Mortagne. À 22h38, il a officiellement été élu dans Camille-Laurin, infligeant du même coup une première et unique défaite électorale au parti de François Legault. Les militants étaient désormais bruyants et ont entonné le refrain de Gens du pays.
" Nous avons démontré qu'il est possible pour un parti indépendantiste de s'assumer et de susciter de l'adhésion en parlant sans détour de la cause qui nous anime. Non seulement nous avons réussi une remontée qui est remarquée, mais comme société, nous avons aussi retrouvé le goût de la politique. Nous avons retrouvé un amour du Québec, qu'on porte en nous et ça, ça fait vraiment du bien! ", a déclaré le chef du PQ, lors de son discours.
Un optimisme mesuré s'est imposé dans la salle en fin de soirée. " Ce ne sont pas les résultats qu'on espérait mais on reste confiant pour l'avenir. On est très content de la victoire de Paul. Il le mérite tellement ", a souligné la candidate défaite dans Châteauguay, Marianne Lafleur.