Portrait d’une Catheryn Roy-Goyette en feu

Portrait d’une Catheryn Roy-Goyette en feu
Crédit photo: Marc-Antoine Franco Rey

«J’ai vraiment envie d’aller brasser la cage et de casser les discours qu’on entend tout le temps à la Chambre des communes, y apporter de la couleur et du vrai monde, ce que je représente!»

Catheryn Roy-Goyette est la candidate aux élections fédérales pour le Nouveau Parti démocratique (NPD) dans Hochelaga. Ses mots sont tout à son image: colorés et empreints d’une volonté de bousculer l’ordre établi.

L’importance de la communauté

Hochelagaise depuis 10 ans, Catheryn est engagée dans son quartier: l’itinérance, les milieux communautaire et syndical sont des domaines qu’elle connaît bien. «Élue pas élue, je vais continuer à m’impliquer», affirme celle qui préside le conseil d’administration de CARE Montréal, centre d’aide et de réinsertion.

C’est cet esprit d’entraide que partagent ses électeurs et électrices. «Catheryn a un sens de la coopération entre voisins qui vient me chercher», confie Stéphanie, citoyenne et commerçante du quartier.

Ses engagements sociaux viennent aussi rejoindre Frédéric, artiste intervenant dans un organisme d’Hochelaga. Pour lui, qui «n’irait pas vivre dans un autre quartier», la passion que voue Catheryn à sa communauté est remarquable.

«Si on veut représenter des gens, il faut partager nos vies avec eux», souligne Catheryn Roy-Goyette, qui décrit son quartier comme un «sain chaos créatif». «Belle mixité sociale» et «quartier en mouvement» sont d’ailleurs les mots que Stéphanie et Frédéric emploient respectivement à l’égard de leur Hochelaga bien-aimé.

Fleurir en politique

«Cath est rad », déclare Philémon Beaulieu, responsable des bénévoles pour la campagne du NPD. Celui-ci ne réside pas dans Hochelaga, mais il s’implique dans le quartier tout simplement parce qu’il aime Catheryn. La rencontre des deux partisans du NPD remonte à 2018, lors d’un congrès du parti à Trois-Rivières.

La facilité d’approche de la candidate est ce qui avait rejoint Philémon: «Elle parle comme les gens d’Hochelaga», explique-t-il. Il avoue que si Catheryn n’était pas dans ce quartier, il travaillerait probablement dans un autre comté.

Celle qui dit ne pas être «une politicienne beige» porte le orange de son parti depuis 2008, où elle fait sa première campagne aux côtés de Jack Layton, à l’âge de 25 ans. En 2011, elle devient conseillère politique pour Marjolaine Boutin-Sweet, première députée du NPD dans Hochelaga.

«L’équipe de feu» que Catheryn dit avoir formé avec la première femme élue députée dans la circonscription a duré 8 ans. En 2019, la politicienne a repris le flambeau de candidate, en espérant que les élections de 2021 lui accorderont cette fois un siège à la Chambre des communes.

C’est toutefois presque un hasard si la candidate originaire d’un petit village près de Rimouski s’est retrouvée en politique. Après son visionnage de L’erreur boréale, documentaire de 1999 réalisé par Richard Desjardins et Robert Monderie, Catheryn s’est orientée en aménagement forestier, à l’Université Laval.

Puis, elle dit être «tombée» dans l’implication sociale, là où son parcours politique a commencé. Elle est donc partie habiter dans Hochelaga, où son grand-père a d’ailleurs vécu une bonne partie de sa vie. «J’ai changé de branche, mais j’ai gardé mes racines», dit-elle, avant d’avouer, en riant, avoir perdu une partie de son accent du bas du fleuve.

Aventurière des temps modernes

«Vous êtes bien installés, vous autres», fait remarquer un piéton passant à côté de Catheryn, qui s’est assise par terre pour accorder une entrevue à L’Atelier, sur le seul coin asphalté à l’ombre de la place Valois.

Le soleil frappe en ces derniers jours de campagne. Les activités remplissent l’horaire de la candidate, certainement réjouie par la température clémente qui surplombera Hochelaga lors de la manifestation contre le projet de terminal de transbordement de conteneurs de la société Ray-Mont Logistiques, tenue samedi dernier.

Entre les engagements politiques et les implications sociales, difficile de penser que Catheryn trouve en plus le temps d’être mère. Selon elle, ce serait d’ailleurs une tâche impossible sans l'aide de son conjoint et de sa meilleure amie. Même si sa fille de 7 ans doit concilier avec l’agenda surchargé de la politicienne, «elle veut vraiment que je gagne», révèle Catheryn avec fierté.

Dans sa famille, la candidate néo-démocrate fait partie d’une lignée de féministes: sa grand-mère et sa mère ont toutes deux milité pour les droits des femmes. Catheryn, aussi engagée qu’elles, admet vouloir transmettre les mêmes valeurs à sa fille. Mission (presque) accomplie: «Je l’emmène dans des manifs et elle crie des slogans», raconte la candidate.

Est-ce que la Catheryn de 20 ans serait fière de la personne qu’elle est devenue? «Elle apprécierait la cohérence», répond humblement la politicienne.

«Quand j’étais petite, je voulais être aventurière», affirme Catheryn. Si son métier aujourd’hui n’est pas tout à fait ce qu’elle aurait envisagé enfant, une chose est sûre, ses aventures sont loin d’être terminées.

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