Les pompiers veulent que les partis reconnaissent les cancers qui les affligent
Un front commun syndical-patronal, qui représente les pompiers du Québec, presse les partis politiques de se prononcer en faveur de la reconnaissance d'un plus grand nombre de cancers comme maladies professionnelles, dans une lettre publiée mardi.

Par Thomas Emmanuel Côté
Pour une première fois, le Regroupement des associations de pompiers du Québec (RAPQ), le Syndicat des Pompiers du Québec et l'Association des gestionnaires en sécurité incendie et civile du Québec (AGSICQ) s'unissent et parlent d'une même voix ; ils exhortent les partis à exprimer clairement leur intention de reconnaître d'autres cancers qui affligent leurs membres et qui sont liés à l'exercice de leur profession.
" Le travail des pompiers les amène à affronter plus que jamais des risques de contracter toute sorte de cancers, compte tenu de la présence de plus en plus généralisée d'éléments chimiques et synthétiques nocifs dans les matériaux de construction d'immeubles ", expliquent les co-présidents de AGSICQ, Jean Bartolo et Jean Melançon.
Concrètement, le front commun désire donc que le nouveau gouvernement inscrive plusieurs cancers à la liste de la Loi sur les accidents de travail et les maladies professionnelles. Ces ajouts incluent entre autres le cancer du cerveau, de l'œsophage, du sein, du testicule et les leucémies aiguë et chronique. Un pompier souffrant d'une de ces maladies pourrait ainsi profiter d'un maintien salarial et d'indemnités pour ses douleurs et pour payer les opérations, comme c'est le cas pour les cancers déjà reconnus par le gouvernement. Des indemnités pour la famille seraient également remises en cas de décès dû au cancer.
Comme l'explique Chris Ross, président du RAPQ : " L'avantage d'une reconnaissance de ton cancer comme maladie professionnelle, c'est que tu ne subis pas de baisse de revenu. Tu as ton plein salaire qui rentre et tu peux te concentrer sur le combat contre la maladie au lieu de celui contre les factures. "
Au moment où ces lignes ont été écrites, aucun parti politique ne proposait une mesure similaire dans son programme. Seule la plateforme de Québec solidaire frôlait la question : le parti dit vouloir " réviser […] la Loi sur les accidents du travail et les maladies professionnelles ", sans parler spécifiquement des cancers pour les pompiers et sans préciser davantage ses intentions.
Le Québec loin derrière les autres provinces
Le Québec reconnait seulement neuf cancers liés à la sécurité incendie : le mésothéliome pulmonaire, le mésothéliome non-pulmonaire, le cancer du rein, le cancer de la vessie, le cancer du larynx, le myélome multiple, le lymphome non hodgkinien, le cancer de la peau (mélanome) et le cancer de la prostate. C'est moins que la plupart des provinces canadiennes, une situation dénoncée par le front commun.
" L'Ontario, notre voisin immédiat, a déjà reconnu pas moins de 19 cancers comme maladies directement liées au travail de pompier et continue à en reconnaître d'autres ponctuellement ", a souligné le président du RAPQ. Les différents regroupements souhaitent que le Québec lui emboîte le pas, en inscrivant les mêmes cancers dans sa liste.
" Il n'y a aucun employé municipal qui sacrifie sa vie autant qu'un pompier. Il faut donc que ce soit une priorité pour les élus et pour les citoyens ", selon M. Ross.