Panne de Facebook: problème informatique ou sabotage?

Panne de Facebook: problème informatique ou sabotage?
Photo by Brett Jordan / Unsplash

Le réseau informatique « trop centralisé » de Facebook aurait nui à la panne de six heures qui a paralysé le site et ses filiales dans la journée de lundi, selon le professeur à l’École des médias de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) Jean-Hugues Roy, qui ne rejette toutefois pas la possibilité d’un sabotage à l’interne.

M. Roy explique que le système de noms de domaine (DNS) de Facebook, qui permet de traiter une requête pour accéder au site, a cessé de fonctionner pendant la panne de lundi.

Il compare le DNS, qui permet de traiter une requête, à un GPS. Selon lui, quand un ordinateur effectuait une requête pour aboutir à Facebook pendant la panne, la destination souhaitée était comme inconnue, et donc la route vers le site ne pouvait pas être complétée. « C’est comme arriver dans une ville nouvelle et que le GPS ne fonctionne pas », illustre-t-il.

L’expert web estime que le réseau Internet, le web, est plus vieux et plus robuste que Facebook. « Le web a été construit avec de la redondance, donc si une partie est dysfonctionnelle, on peut passer par un autre chemin et ça fonctionne quand même. Facebook, non », affirme-t-il.

La structure de Facebook est très centralisée, ajoute M. Roy : si un problème survient « au central », plus rien ne fonctionne. C’est ce qui se passe quand on a un « jardin privé » dans un Internet public, dit-il.

Une panne suspecte

Toutefois, alors que Facebook évoque des « changements de configuration des routeurs fédérateurs (backbone) qui coordonnent le trafic Internet entre [leurs] centres de données » pour expliquer l’origine de la panne, un certain mystère continue à entourer la paralysie momentanée du réseau social.

Patrick White, spécialiste en médias numériques et professeur à l’École des médias de l’UQAM, croit que la panne n’est pas un hasard.

Selon lui, Facebook passe une semaine désastreuse, dans la foulée des déclarations de la lanceuse d’alerte Frances Haugen. Elle avait accusé l’entreprise de choisir « le profit plutôt que la sûreté » à la télévision américaine dimanche.

Selon Jean-Hugues Roy, aucun site n’est à l’abri des pannes, qui surviennent occasionnellement sur Facebook, Twitter ou Instagram. Cependant, leur durée de quelques minutes contraste énormément avec celle de presque sept heures observée hier. Une panne aussi longue est « étrange », et représente du même coup « une grosse perte de crédibilité » pour l’entreprise, selon M. Roy.

Facebook fait face à « une côte très difficile à remonter », signale pour sa part M. White.

Les théories d’un sabotage à l’interne deviennent donc de plus en plus discutées. Pour M. Roy, la meilleure façon pour Facebook de se protéger des pannes actuellement, c’est de « faire en sorte que les employés soient heureux et fiers » de travailler pour l’entreprise.