La MRC de Vaudreuil-Soulanges veut que les candidats s'opposent à l'exploitation minière

Les élus de la MRC de Vaudreuil-Soulanges demandent formellement aux candidats provinciaux de s'opposer à l'exploitation minière du mont Rigaud et de ses environs, alors que plusieurs s'inquiètent qu'un éventuel projet dénature la colline et contamine l'eau.

La MRC de Vaudreuil-Soulanges veut que les candidats s'opposent à l'exploitation minière
Le maire de Rivière-Beaudette et préfet de la MRC de Vaudreuil-Soulanges, Patrick Bousez (au centre), était accompagné de plusieurs maires et conseillers lors de son point de presse contre l'exploitation minière. (Gracieuseté, MRC de Vaudreuil-Soulanges)

Par Thomas Emmanuel Côté

" On ne peut pas prendre le risque qu'il y ait des claims sur la montagne ", a déclaré Patrick Bousez, préfet de la municipalité régionale de comté (MRC) de Vaudreuil-Soulanges et maire de Rivière-Beaudette, en compagnie de nombreux maires et conseillers du territoire.

Dans Soulanges, la circonscription provinciale où se situe la zone en question, le candidat péquiste Samuel Patenaude et la candidate libérale Catherine St-Amour ont déjà assuré qu'ils empêcheraient l'exploitation minière du mont Rigaud et des alentours. La candidate conservatrice Éloïse Coulombe a, quant à elle, précisé être favorable à l'exploitation des ressources naturelles, à condition que la population locale soit d'accord.

En revanche, la candidate solidaire Sophie Samson et la députée caquiste sortante Marilyne Picard n'ont pas encore fait connaitre leurs intentions ; une situation à laquelle voulaient remédier les maires et conseillers de la MRC en demandant aux aspirants députés de choisir un camp, lors de leur point de presse à Vaudreuil-Dorion mardi.

Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que la MRC monte au front pour " protéger ses territoires critiques ". Elle a notamment cosigné une lettre ouverte il y a quelques jours, avec la Fédération québécoise des municipalités, pour demander " la fin de la préséance " de la Loi sur les mines, qu'elle juge " archaïque " et " caduc ". Les signataires dénoncent notamment le fait que le ministère de l'Énergie et des Ressources naturelles puisse décider seul du sort des projets concernant le sol et le sous-sol québécois, sans l'approbation d'autres instances comme celle du ministère de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques. Ils souhaitent aussi " un véritable échange entre les parties concernées " dans le cas du mont Rigaud.

Une question d'eau et de « joyau »

Seule montagne du territoire de la MRC, le mont Rigaud accueille quelques développements résidentiels et des pistes de ski. Il s'agit aussi du plus grand couvert forestier de la presqu'île ; un " joyau " selon M. Bousez, qui compte bien le protéger des compagnies minières.

Bien que la MRC estime qu'aucun minerai intéressant ne se trouve sur les flancs de la montagne et que l'acceptabilité sociale n'est pas au rendez-vous, elle craint qu'une entreprise puisse tout de même faire une demande pour un claim minier, l'obtenir et entamer des travaux sans l'accord de la population.

L'importance de la préservation du mont Rigaud s'explique aussi par le fait que les alentours forment une zone de recharge des aquifères et fournissent donc de l'eau à presque 100 000 citoyens, dans 18 des 23 municipalités de la MRC. Les élus locaux s'inquiètent donc qu'un projet minier puisse contaminer la principale source d'eau potable de la région. Le préfet a aussi souligné que ce sont ces mêmes sources d'eau qui vont approvisionner le futur hôpital de Vaudreuil-Soulanges, dont l'ouverture est prévue pour 2026.

Des réponses politiques qui déçoivent

Tout au long du point de presse, le préfet Bousez cachait mal son agacement face au comportement du ministre sortant de l'Énergie et des Ressources naturelles, Jonatan Julien, dans les trois dernières années. " Ce qu'on trouve déplorable, c'est qu'il nous aura fallu deux ans et demi et des sorties dans les médias pour pouvoir rencontrer le ministre ", a déclaré M. Bousez, qui s'est aussi désolé que M. Julien " n'ait rien fait " après cette rencontre.

Questionné sur les changements législatifs que souhaiteraient les élus de la MRC, le préfet a tenu à rappeler qu'il existe un pouvoir discrétionnaire, à la disposition du ministre, pour empêcher certains projets miniers. L'article 304 de la Loi sur les mines stipule en effet que " le ministre peut, par arrêté […] soustraire à la prospection, à la recherche, à l'exploration et à l'exploitation minières toute substance minérale faisant partie du domaine de l'État ".  Cette situation pourrait donc se régler " en une demi-journée et sans changement législatif " avec l'émission d'un décret par le ministre, selon les élus de la MRC de Vaudreuil-Soulanges.