Moins de stationnements pour une meilleure expérience d'achat
Modifier et améliorer l'offre de stationnement en diminuant les places dans les rues commerçantes pourrait rendre les centres-ville plus attractifs.

Par Camille Brasseur
Réduire, Transférer, Améliorer
Christian Petit, directeur des projets spéciaux chez Rues Principales, a présenté mardi un cercle vertueux à répéter à l'envi. Il s'agit d'abord d'évaluer les besoins en stationnement et de supprimer les places superflues. Ensuite, transférer d'autres places hors des rues, derrière les bâtiments. Enfin, améliorer l'aménagement. Et évaluer la nouvelle situation.
Selon lui, de nombreux accidents routiers sont liés aux stationnements. De plus, la recherche d'une place pendant les heures de pointe augmente significativement la congestion. Le stationnement est donc un élément clé pour améliorer la sécurité et le dynamisme des centres-ville.
Cette amélioration est le mandat que se donne Rues Principales, un organisme d'intérêt public sans but lucratif. Il accompagne les municipalités pour créer des « milieux de vie rassembleurs, prospères et attractifs ». Récemment, ses services ont bénéficié à Marieville, Gaspé, ou encore Lachute.
Réduire l'usage des voitures
Le Conseil régional de l'environnement de Montréal (CRE-Montréal) lui donne la parole dans le cadre de leur campagne « J'embarque - Les rendez-vous de la mobilité durable ».
Blaise Rémillard, responsable Transport et urbanisme du CRE-Montréal, retient la stratégie « d'étudier les besoins et de sortir d'un dialogue basé sur les impressions et sur les perceptions ».
Il note aussi les évolutions possibles « sans même questionner la place de la voiture ». Pour Rues Principales, le premier défi est « de convaincre de faire plus de place pour les piétons », explique Christian Petit. Cela tient compte des éventuels transports en commun.
Nicolas Roy, un habitant de Montréal, a deux enfants mais pas de voiture. Les quatre vélos de la famille « prennent toute la place dans la cour. » Il voudrait transformer des stationnements automobiles en garages à vélos.
Avec l'organisme, Marieville prévoit la création d'une piste cyclable dans une rue commerçante. « Il faudrait faire l'évaluation des consommateurs cyclistes dans des plus petites municipalités », observe Christian Petit.
Et les chiffres d'affaires ?
Les commerçants sont parfois réticents à la diminution des places dans la rue. Dans ces cas-là, Christian Petit travaille et communique « sur ce qui a un rapport avec leur activité commerciale. » D'autres sont enthousiastes et le Conseil québécois du commerce de détail (CQCD) déclare n'avoir aucune remarque de ses membres à ce sujet.
Pour Christian Petit, l'attraction de clients « est plus liée à l'ambiance sur la rue » qu'au « nombre de cases ». Blaise Rémillard renchérit : « améliorer l'expérience d'achat [dans les commerces de proximité] est le seul point sur lequel on est capable de se distinguer des centres commerciaux. »
Des conseils variés
Le taux d'occupation optimal avoisinerait les 85%. Au-delà, le manque de places accentue les problèmes de congestion. En deçà, l'espace réservé aux stationnements est perdu.
Déplacer les stationnements hors rue dérange parfois. Christian Petit note « une question de perception ». On laisse plus facilement sa voiture à 150m de l'entrée d'un commerce dans un centre commercial qu'en ville.
Il suggère de rendre agréables et sécuritaires les petites rues et allées entre le stationnement et les commerces et de bien indiquer les places libres hors rue. Il invite à réserver les stationnements dans la rue aux personnes à mobilité réduite ou aux courses rapides.
Autres conseils utiles
Mutualiser les stationnements permet d'optimiser encore l'espace. Les commerçants peuvent partager leurs places et les stationnements d'églises ou d'écoles peuvent être ouverts lorsqu'ils n'ont pas leur utilité première.
Texturer les espaces de stationnement permet de les distinguer de la chaussée en tout temps. La route ne semblera alors pas plus large, même sans voiture stationnée, et les automobilistes n'accéléreront pas.
La signalisation gagne à être simplifiée. Les espaces de stationnement peuvent être délimités par de la peinture sur le trottoir. Un code couleur peut spécifier le type ou la durée de stationnement autorisés.
Les stationnements en épi occupent 25% plus d'espace que ceux en parallèle. Il vaut donc mieux les éviter.
Et ce n'est qu'une partie des idées à explorer.