Marché de l’habitation : « Les jeunes sont les plus pénalisés dans le marché actuellement »
Le marché de l’immobilier ne dérougit pas : l’offre répond difficilement à la demande, conjointement à une hausse marquée des prix des logements à l’échelle nationale, ce qui rend extrêmement difficile pour les nouveaux acheteurs de devenir propriétaires.
« La problématique, en ce moment, c’est que le coût des propriétés a tellement augmenté que pour les nouveaux acheteurs, les jeunes, c’est extrêmement difficile de se trouver une propriété, explique Claudine Portelance, courtière immobilière pour le groupe Sutton. Les jeunes sont les plus pénalisés dans le marché actuellement ».
Beaucoup de Montréalais ont décidé de migrer vers la banlieue après le début de la pandémie. Le travail à domicile a permis de se distancer de la métropole et plusieurs ont désiré accéder à un espace plus vaste lors du confinement, causant un exode urbain. « La pandémie a possiblement amené plus de ventes de propriétés en région éloignée, ce qu’on voyait peut-être moins avant, remarque Mme Portelance. Si tu veux t’exproprier de la ville et que tu as une propriété, ça veut dire que tu vas mettre la tienne en vente et en acheter une autre, ce qui crée beaucoup de mouvement dans le marché ».
Dans le contexte, ces fluctuations ont contribué à une augmentation considérable de la valeur des habitations, causant des enjeux sur le plan de l’abordabilité des maisons, particulièrement pour les jeunes.
En point de presse ce matin, l’économiste en chef de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), Bob Dugan, présentait les conclusions de l’évaluation du marché de l’habitation. Il a relevé que les prix des logements étaient largement injustifiés par rapport aux facteurs fondamentaux, dont le revenu personnel. « Les salaires n’ont pas augmenté au même niveau, le financement non plus, donc c’est extrêmement difficile pour les nouveaux acheteurs », Mme Portelance.
Par ailleurs, la courtière indique que si certaines propriétés étaient abordables pour les jeunes acheteurs, la quantité phénoménale de promesses d’achat et de gens intéressés faisaient en sorte que leurs prix bondissaient, devenant alors inatteignables.
La rareté des logements
Le rapport de la SCHL estime en outre que Montréal présente des signes de surchauffe, c’est-à-dire une demande beaucoup plus forte que l’offre. Les prix des loyers, quant à eux, ne baissent pas. « Des gens ont été pris de court. D’autant plus qu’on était dans une année de pandémie, ce qui fait que beaucoup de personnes ont vu leur revenu diminuer, mentionne Jean-Claude Laporte, organisateur communautaire pour le comité logement de Rosemont-La-Petite-Patrie. Faut être chanceux pour se trouver un logement qui est à prix raisonnable et dans un état convenable. »
« La crise du logement peut avoir plusieurs visages. En ce moment, tous les visages de la crise du logement sont présents, c’est-à-dire une hausse des loyers, un manque de logements sociaux, auxquels s’ajoute tout ce qu’on met autour du terme "rénovictions", reprises de logement illégales, etc., sans compter l’insalubrité, explique M. Laporte. Le mot crise, il faut le mettre avec un s à la fin. »
Un marché qui «ne va pas redescendre»
Mme Portelance soutient que » le marché ne va pas redescendre ». Elle sent néanmoins un ralentissement. Dans la dernière année, lorsqu’une maison apparaissait, elle réservait une visite pour ses clients dans les minutes qui suivaient, parce qu’autrement elle n’avait même pas la possibilité d’aller visiter. Maintenant, la demande et les promesses d’achat se sont calmées. Elle remarque aussi possiblement que le nombre de propriétés en vente augmente tranquillement. Parallèlement, les prix, eux, ne baissent pas.