Luttes particulièrement serrées dans les États clés
Les élections américaines réservent encore des surprises dans les États les plus déterminants.
Alors que les sondages prévoyaient une certaine avance de Biden dans plusieurs États clés déterminants, la soirée électorale s'est avérée beaucoup plus serrée que prévu et beaucoup reste à jouer au moment de mettre sous presse.
La présidence se jouera dans quelques états clés. Deux grandes régions sont à surveiller dans cette course à la présidence : le Midwest, au nord, avec la Pennsylvanie et le Sun Belt, au sud, où se trouvent des États historiquement favorables aux républicains.
« Si jamais les démocrates ramassent le Texas, ça serait la pire gifle qu'on pourrait faire à un président républicain en service, » explique le journaliste de Radio-Canada Frédéric Arnould. Alors que le Texas n'a pas été remporté par un candidat démocrate depuis 1980, la tendance pourrait être renversée ce soir. Le candidat démocrate talonne actuellement le président sortant dans ce château fort républicain.
En plus du Texas, la Georgie habituellement républicaine pourrait aussi changer de cap. « La Georgie aussi est quand même assez prenable pour les démocrates, on ne pensait pas voir ça non plus, » s'étonne M. Arnould. Il explique que cet État a été particulièrement déçu de la gestion de la pandémie de Covid-19 par le président sortant.
Toutefois, les premiers résultats ont révélé une certaine avance de Trump dans les États de la Floride et de la Georgie, contrairement à ce que les sondages avaient prédit. « Dans les états clés du Sud, ça va être plus difficile pour M. Biden, explique le chercheur et coordonnateur de l'observatoire sur les États-Unis de la Chaire Raoul-Dandurand David Dubé. C'est des états que Trump avait besoin de gagner pour lui rendre la soirée beaucoup plus facile. »
Le comté de Miami en Floride, avec une forte population hispanophone, avait été remporté par Mme Clinton avec environ 30 points d'avance en 2016. Pour l'instant, M. Biden mène avec moins de 10 points dans ce comté. « On a l'impression que le vote latino-américain n'était pas au rendez-vous en Floride dans la plupart des endroits clés où M. Biden en avait besoin, » explique M. Dubé.
« Ça s'annonce une course beaucoup plus serrée que ce qu'on estimait il y a quelques jours ou semaines » -David Dubé
« Les prédictions c'est toujours le piège, on a déjà joué dans ce jeu-là il y a quatre ans et ça s'est plutôt mal fini, mais je pense que la première prédiction à faire d'abord c'est que Trump ne peut pas améliorer son score de 2016, ça, c'est impossible, » rappelle M. Arnould. « Il a tellement aliéné de groupes qui lui étaient favorables avant, comme les femmes de banlieue, ce qui fait qu'à mon avis il va perdre pas mal de plumes. »
Coude à coude en Ohio
Même si Biden avait réussi à aller chercher certains comptés que Hillary Clinton avait perdus en 2016 en Ohio, cet état reste particulièrement incertain au moment de mettre sous presse. « C'est un état baromètre, c'est-à-dire que depuis 1964, l'Ohio a toujours voté avec le gagnant de l'élection présidentielle » explique M. Dubé.
Le chercheur ajoute qu'il reste très difficile de se prononcer au niveau du Midwest à ce stade du décompte. « Ça ne va pas aussi bien que les sondages l'avaient prédit pour M. Biden, » note-t-il tout de même. La Pennsylvanie, qui pourrait jouer un rôle déterminant dans l'issu de l'élection présidentielle, présente une légère avance républicaine qui n'a pas assuré de rester.
« Ça s'annonce une course beaucoup plus serrée que ce qu'on estimait il y a quelques jours ou semaines », ajoute M. Dubé.
Une défaite qui serait difficile à accepter
« Ce n'est pas un beau scénario qui se dessine », estime le journaliste et analyste politique Marc Laurendeau. «On espérait que ce soit une victoire claire », ajoute-t-il.
Il explique qu'une victoire serrée de Biden serait particulièrement facile à contester pour Trump, qui ne comptait pas accepter de défaite à l'issue de cette soirée électorale.
L'analyste n'exclut pas le scénario d'une victoire de Trump. « Un facteur nouveau, c'est les électeurs de Trump silencieux, qui n'osent pas l'avouer, mais qui votent Trump », estime-t-il.