L'UPA inquiète face à la crise alimentaire

Les chaînes d’approvisionnement sont mises à mal dans le secteur agroalimentaire, a annoncé le président général de l’Union des producteurs agricoles (UPA), Marcel Groleau. Mardi s’est amorcé le 97e congrès de l’UPA, Nourrir l’humanité durablement, lors duquel a eu lieu l’allocution du président.
« On a beaucoup parlé de sécurité alimentaire et d’autonomie alimentaire pendant la pandémie parce qu’on a eu peur que les chaînes d’approvisionnement soient mises à mal. Finalement, ces chaînes d’approvisionnement là, ce n’est pas pendant la pandémie qu’elles ont le plus souffert, je dirais que c’est maintenant », a déclaré Marcel Groleau pendant son allocution.
Elles sont fragilisées par les fournisseurs d’équipement et de matériel, qui donnent des délais de livraison de plus en plus longs, sans pour autant donner de garantie en retour. Ce sont donc maintenant les travailleurs agroalimentaires qui doivent s’adapter aux fournisseurs.
Pénurie de main-d’œuvre
« Certains ne veulent pas parler de pénurie. Ils voudraient qu’on parle uniquement de rareté de la main-d’œuvre, s’est exclamé le président. Quand quelque chose est rare, c’est difficile à trouver, mais ça existe. Quand ça n’existe plus, c’est qu’il y a une pénurie! » Il qualifie la pénurie de main-d’œuvre comme étant sérieuse, grave et obligeant un ralentissement des activités dans le domaine agroalimentaire.
Plusieurs pays songent à s’affranchir de leur dépendance au niveau des approvisionnements. « On a assisté, il y a quelques années, à une délocalisation de l’emploi. Avant, ça coûtait moins cher de produire ailleurs, mais aujourd’hui, on va assister à une délocalisation des investissements si on n’a pas de main-d’œuvre », ajoute M. Groleau. Pour l’étudiant en agriculture biologique au Cégep de Victoriaville Ismaël Lamoureux, le statut précaire du secteur agricole limite probablement l’envie qu’ont plusieurs de se lancer dans l’industrie. « C’est sûr que c’est plus encourageant de se lancer dans un secteur où c’est facile de générer des revenus », dit-il.
Rentabilité contre environnement
Au Québec, l’utilisation de certains pesticides est interdite, mais acceptée lorsque le produit est importé. « C’est une concurrence déloyale qui n’avantage pas les producteurs locaux », explique Ismaël Lamoureux. Si la population n’aide pas les producteurs agricoles, cela devient difficile pour ces derniers de rester compétitifs dans le marché. Or, il faut protéger les terres agricoles, selon M. Groleau. « C’est comme l’eau et l’air : c’est essentiel, affirme-t-il. On a besoin de la terre pour pouvoir manger. Il faut la protéger. »