Pénurie de logements : il faut construire plus, mais…

L'Association des professionnels de la construction et de l'habitation du Québec (APCHQ) a indiqué, lundi, espérer que les enjeux d'habitation seraient le « thème principal » des derniers jours de la campagne électorale du Québec.

Pénurie de logements : il faut construire plus, mais…
(Jaye Haych, Unsplash)

Par Noé Cloutier

" On estime qu'actuellement, le Québec est dans un déficit de plus de 100 000 logements ", lance David Dinelle, directeur des communications et des affaires publiques pour l'APCHQ, expliquant mal l'absence de cet enjeu " majeur " dans les discours politiques actuels.

Selon lui, le prochain gouvernement devra agir vite pour éviter que ce déficit augmente davantage.  Il ajoute que pour le combler, tout en baissant les prix, une seule solution s'impose.

" Il n'y a pas 100 solutions, il faut carrément plus d'unités […]. Tout le monde sait qu'il faut plus de constructions en ce moment ", indique-t-il, en s'accordant avec la solution de la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL) qu'est " d'inonder " le marché avec 620 000 nouvelles unités d'ici 2030.

Construire plus, mais…

Bien que le remède proposé par l'APCHQ semble simple, il ne règlera pas tous les problèmes, selon la chercheuse de l'Institut de recherche et d'informations socioéconomiques (IRIS) Julia Posca.

" On n'a fait que ça construire depuis quelques années et on a vu que le problème n'était pas dans l'offre totale, mais bien dans l'offre de propriétés et de logements abordables ", affirme-t-elle, déplorant le fait que les prix augmentent avec la demande.

Bien que l'APCHQ aimerait " faire partie de la solution ", la chose à faire serait plutôt l'inverse, encore selon la diplômée en sociologie de l'Université du Québec à Montréal.

" L'idée serait de ne pas seulement laisser le marché aux intérêts privés et aux promoteurs, qui vont ensuite revendre au plus offrant. Il faudrait que différents paliers du gouvernement s'impliquent pour développer l'offre en logements sociaux, communautaires et abordables ", dit-elle.

Revoir ses priorités

L'autre point principal dénoncé par l'APCHQ était que, depuis quelques années, il est plus difficile d'accéder à la propriété. À l'appui, les données du dernier recensement de Statistiques Canada révèlent un premier recul du taux de propriété dans l'histoire du Québec, un taux qui passe de 61,3 % en 2016, à 59,9 % en 2021.

Même si elle ne veut pas minimiser l'impact de ces chiffres, Julia Posca affirme que certains fonds politiques sont déjà en place pour faciliter l'accès à la propriété. Sachant cela, il est donc clair selon elle, que le gouvernement et les acteurs du milieu devraient mettre leurs énergies ailleurs.

" Les gens veulent être propriétaires, oui, mais ils veulent surtout, et avant tout, être logés ", conclut la chercheuse.