Débat sur le logement : des tirs groupés contre la gestion de la CAQ
La CAQ a été l'objet de critiques de toutes parts sur sa gestion de la crise du logement alors que des candidats des cinq partis débattaient dans le cadre du colloque Parce que l'avenir nous habite.

Par Thomas Emmanuel Côté
" On a eu un gouvernement de la CAQ qui a été nonchalant en matière d'habitation ", a lancé la libérale Marie-Claude Nichols envers la caquiste Karine Boivin Roy, dès le début d'un débat sur le logement qui avait lieu mardi après-midi au centre-ville de Montréal.
" Jamais notre gouvernement en a fait autant. Le gouvernement libéral avait laissé 15 000 unités sans le financement adéquat. Le gouvernement de la CAQ a investi, à toute fin pratique, 2,6 milliards dans le logement social ", a aussitôt répondu Mme Boivin Roy, candidate de la Coalition avenir Québec (CAQ) dans Anjou – Louis-Riel.
Cet échange, dès le premier tour de parole, a donné le ton au débat qui réunissaient des candidats des cinq partis à l'Hôtel Bonaventure. Les quatre représentants des oppositions s'en sont pris plusieurs fois à la gestion du gouvernement sortant, sans toutefois que les discussions ne dérapent.
Au fil des échanges, le candidat solidaire de Laurier-Dorion, Andrés Fontecilla, a notamment accusé la CAQ de ne pas protéger les locataires et d'avoir un parti-pris pour les propriétaires. La candidate libérale dans Vaudreuil, Marie-Claude Nichols, a quant à elle reproché au gouvernement caquiste d'avoir reconnu " du bout des lèvres et beaucoup trop tard " l'existence de la crise du logement.
Pour l'instant d'un débat, les libéraux et les solidaires semblaient donc jouer dans la même équipe ; Mme Nichols a d'ailleurs souligné à plusieurs reprises les similitudes entre les programmes du Parti libéral du Québec (PLQ) et de Québec solidaire (QS).
Des négociations Québec-Ottawa qui soulèvent les passions
Les esprits se sont aussi particulièrement échauffés lorsque les candidats ont été questionnés sur l'exercice des compétences constitutionnelles du Québec en matière de logement.
" J'aurais bien aimé voir notre premier ministre dépenser la même énergie pour aller réclamer l'argent pour la rénovation des HLM [habitations à loyers modiques] à Ottawa que celle qu'il dépense pour réclamer plus de pouvoir en immigration. C'est le problème avec ce gouvernement qui se drape d'un nationalisme mais qui est mollasson ", a lancé Andrés Fontecilla, dans ce qui était le moment le plus intense du débat. À ce commentaire – accueilli par les plus importants applaudissements de l'après-midi – Mme Boivin a rétorqué " qu'on ne peut pas uniquement inventer une taxe orange pour arriver à nos fins ", en référence aux promesses récentes du parti de gauche.
Pour sa part, le candidat du Parti québécois (PQ) dans Gatineau, Raphaël Déry, a profité du contexte pour " soumettre à la salle " l'idée de se doter d'un Québec indépendant au lieu de " se butter continuellement à une porte close " lors des négociations avec le gouvernement fédéral. Calme tout au long du débat, l'avocat de formation ne s'est d'ailleurs adressé qu'une seule fois à un autre parti, en déplorant " le "réalisme" de la CAQ [qui] ne s'incarne pas au quotidien ".
La candidate conservatrice fait cavalier seul
Le Parti conservateur du Québec (PCQ) était représenté dans ce débat par sa candidate dans Bourassa-Sauvé, Carmel-Antoine Bessard. Cette dernière s'est retrouvée à de nombreuses reprises en opposition aux propositions de ses quatre adversaires, sauf sur la nécessité de construire plus de logements.
Consciente de ce fait, elle a même profité de son mot de la fin pour remercier les gens présents au colloque d'avoir écouté ses idées, sachant que le public n'était pas nécessairement d'accord avec celles-ci.
Alors que le PQ, la CAQ, le PLQ et QS ont respectivement proposé d'interdire Airbnb dans certaines villes, de construire près de 12 000 logements, une modernisation du programme Accès-Logis et une plus grande mixité sociale, la candidate conservatrice a plutôt expliqué la promesse de son parti d'accorder des allocations pour les plus démunis, au lieu de financer de manière substantielle le système actuel. Celles-ci seraient payées par les revenus tirés de l'exploitation des ressources naturelles du Québec ; une idée qui permettrait de " favoriser un choix de logements " et qui offrirait " plus de liberté " aux citoyens, selon la candidate.
Mme Bessard a aussi questionné les initiatives gouvernementales et la place de l'État québécois dans la construction de logements, émettant plutôt le souhait que les entreprises puissent bâtir de l'habitation " sans être bâillonnées ". Elle a aussi martelé l'importance de penser aux propriétaires tout au long de l'échange.