L’informatique quantique : la quête du « Saint Graal » des technologies

L’informatique quantique : la quête du « Saint Graal » des technologies
Photo by Carson Masterson / Unsplash

La table ronde tenue ce mardi 5 octobre par IBM Canada sur l’avenir de l’informatique quantique au Québec mettait en lumière que la richesse permettant à la province de rayonner dans ce domaine à l’international réside dans le talent de ses experts.

« Quand on vend le Québec à l’international, la première chose qu’on met de l’avant c’est la qualité du talent », a affirmé Hubert Bolduc, président d’Investissement Québec International. Selon lui, la province revit avec l’informatique quantique ce qu’elle a connu cinq ans plus tôt avec l’intelligence artificielle et une vingtaine d’années auparavant avec le jeu vidéo.

Aujourd’hui, le Québec se démarque sur la scène mondiale dans ces deux domaines. « Le plus gros studio de jeu vidéo au monde, c’est Ubisoft Montréal, sur Saint-Laurent », fait remarquer M. Bolduc. « La clé du succès, c’est le talent, et force est de constater qu’à l’Université de Sherbrooke, mais aussi ailleurs dans les institutions universitaires québécoises, il y en a, et c’est ce qui attire les entreprises », a-t-il relevé.

Une technologie florissante et lucrative

D’après Claude Guay, président et directeur général d’IBM Canada, qui animait la discussion, la valeur du secteur national des technologies quantiques pourrait se mesurer à 142 milliards de dollars d’ici vingt ans, en plus de générer plus de 200 000 emplois. « Ce n’est pas une surprise si le gouvernement a annoncé son intention d’élaborer une stratégie quantique nationale dans le dernier budget pour les sept prochaines années », a-t-il énoncé.

La technologie quantique permettrait de résoudre des problèmes que les machines actuelles ne peuvent élucider qu’au bout de milliards d’années. Pour Marie-Pierre Ippersiel, présidente et directrice générale de PRIMA Québec, soit le pôle de recherche et d’innovation en matériaux avancés, l’intelligence artificielle et l’informatique quantique « sont des moteurs qui vont être utilisés pour la découverte et aussi le développement de nouveaux matériaux ». Elles permettraient également l’intégration de nouveaux procédés dans cesdits matériaux, ce qui favoriserait l’avancement de l’équipement de production.

Une puissance de calcul

Pour Patrick Jeandroz, chef d’expertise en science des données et calcul haute performance de l’Institut de Recherche d’Hydro-Québec, l’informatique quantique est un filon à exploiter. « La transition énergétique va emmener son lot de défi, de changements en termes d’utilisation des équipements, donc on est particulièrement intéressés à trouver de nouveaux matériaux », explique-t-il. Il remarque que les dernières sources d’énergie ayant fait leur apparition, comme les éoliennes ou les panneaux solaires, sont intermittentes, c’est-à-dire qu’elles s’arrêtent et reprennent par intervalles. « On aura besoin d’algorithmes pour tirer profit de ces nouvelles sources d’énergie intermittentes pour qu’elles ne soient plus des menaces, ce qu’elles peuvent devenir en créant des instabilités sur le réseau. On veut plutôt en créer des opportunités. »

Une puissance de calcul qu’Hydro-Québec convoite d’après M. Jeandroz. La résolution de certains calculs pourrait prendre 800 ans de temps aux machines à leurs dispositions », qui sont plusieurs dizaines de fois supérieures à notre super calculateur qu’on a au centre de recherche, souligne le chef d’expertise. Les ordinateurs quantiques, on voit ça un peu comme le Saint Graal ».

Bien qu’elle réalise que cette technologie prendra du temps à se développer, Marie-Pierre Ippersiel est confiante en l’avenir. « Il faut trouver tous les bons éléments, avoir les curieux quantiques de ce monde pour diffuser davantage l’intérêt, l’importance et sensibiliser pour faire en sorte que ça se développe », conclut-elle.