Liberté 45 : épargner pour mieux profiter
Paru le 6 octobre chez Guy Saint-Jean Éditeur, Liberté 45 est le plus récent livre de l'auteur, comptable et animateur Pierre-Yves McSween. En près de 300 pages, il s'est lancé le défi d'expliquer aux jeunes adultes l'importance d'épargner tôt pour pouvoir profiter plus tard.
Vous avez écrit un premier livre, En as-tu vraiment besoin ? paru en septembre 2016. Un ouvrage à succès. Ce mois-ci vous arrivez avec Liberté 45. Est-ce qu'il s'inscrit dans la continuité du premier livre même si les sujets traités ne sont pas les mêmes ?
« Oui. Le premier livre questionnait le pouvoir de la personne sur les dépenses qu'elle avait et celle qu'elle pouvait éviter. Liberté 45 est beaucoup plus une réflexion. Au-delà de gérer tes dépenses, il y a la gestion des revenus. On gère tellement notre vie au jour le jour, au Québec et partout ailleurs, alors que la finance personnelle est une réflexion qui est plutôt étalée sur une vie, sur des décennies. Et donc, j'ai beaucoup insisté sur le concept de valeur sur le marché du travail puis sur la capacité de générer des revenus. On peut dire que le premier livre est axé sur les dépenses et le deuxième sur les revenus. »
Votre livre s'adresse principalement aux personnes âgées de 20 et 30 ans. À titre d'exemple, moi qui ai 20 ans, à quel point ma situation fiscale dans une vingtaine d'années sera le reflet des décisions que je prends en ce moment ?
« Ce qui est fou c'est qu'à mon âge (41 ans), tu fais par année avec ton épargne, ce que d'autres font par année en travaillant. C'est exponentiel. C'est épouvantable ce que je vais dire, mais le premier 100 000 dollars est extrêmement long à aller. Cependant, une fois que tu as épargné 100 000, ça augmente très rapidement. Moi contrairement aux gens de votre âge, il n'y avait pas de CELI quand j'ai commencé à épargner. Les jeunes dans la vingtaine ont l'avantage de pouvoir placer de l'argent qui ne sera jamais imposé. Plus tu commences tôt, plus tu peux faire fructifier. Sur 30 ans, ça peut clairement t'accumuler une deuxième maison nette d'impôt. Il faut en profiter jeune. »
Est-ce qu'à 20 ans nous avons la maturité économique pour faire des choix payants ?
« Bien sûr ! Ça dépend de ce que tu recherches dans la vie. J'ai fait ces choix. J'ai fait le choix de rouler avec une Honda Accord de 1998 en 2011. Je ne suis pas le seul qui a fait ce genre de choix. Peut importe que tu sois plus riche ou plus pauvre, la vraie différence c'est comment tu gères ton argent, mais si tu ne fais que 35 000 $ par année. Il faut prendre en compte que plus tu travailles longtemps, plus il y a de risques. La pensée magique de soutenir un gros rythme de travail pendant 50 ans, c'est moins payant. Ce n'est pas parce que tu as un travail non physique qu'intellectuellement tu ne seras pas épuisé. Il faut prévoir tout ça. Il faut sécuriser son avenir. »
Pour écrire votre livre, sur quoi vous vous êtes le plus appuyé ? Les témoignages que vous recevez, votre expérience personnelle ou vos amis ?
« Le message du livre est simple : arrangez-vous pour être assez riche pour se payer une vie plus facile et, surtout, plus riche de sens. Une vie où on n'est pas à la merci des factures mensuelles qu'on aime tant s'imposer! Pierre-Yves McSween
« Disons que quand ça fait 20 ans que tu es sur le marché du travail, tu observes. Aussi, j'ai beaucoup d'auditeurs qui m'écrivent régulièrement et me parle de leur situation. J'ai tout le temps la même question, pourquoi mon employeur ne me paye pas plus ? Je leur réponds, donne-moi trois bonnes raisons de te payer plus. Fais-tu bon travail ? On fait tous du bon travail. Est-ce que tu es indispensable ? Est-ce que tu es remplaçable ? Ces témoignages et ma réflexion sur la croissance de notre valeur m'ont amené à dire, il faut qu'on parle aux jeunes de l'importance de développer des actifs et un réseau social professionnel. Si tu n'organises pas ton avenir, ton avenir va t'organiser et pas comme tu le voulais. »
Est-ce que prendre sa retraite plus tôt devrait être l'objectif de tous ? Est-ce que c'est le paroxysme de la santé économique d'un adulte canadien dans la classe moyenne de pouvoir se dire, j'ai 45 ans et j'ai les moyens de ralentir ?
« Je suis convaincu que oui. Je ne dis pas de prendre ta retraite plus jeune. Il y a beaucoup de risques liés à ça. C'est pour ça que je dis ralentir. À 45 ans si tu veux continuer à travailler, super ! Pour le plaisir ultime de gagner du revenu ? Non. Pour le plaisir ultime de faire ce que tu aimes. Tant mieux s'il y a une paye au bout. Avoir ce choix offre un sentiment incroyable. »
Pensez-vous vous lancer dans une carrière d'auteur à plein temps ou un livre tous les quatre ans est bon rythme pour vous ?
« Écoute, je pourrais écrire cinq ou six livres sur la finance personnelle, mais c'est surtout une question de gestion de temps. Ça m'a pris quatre ans avant d'en écrire un nouveau. Avec l'énorme succès du premier, tu as le stress de ne pas faire n'importe quoi ensuite. Tu veux prendre le temps de faire mûrir ton idée comme il le faut. J'étais rendu là. Avec la COVID, je pensais avoir plus de temps, mais avec les enfants à la maison, ç'a été difficile. Finalement, j'avais plus de pression que pour le premier, mais le résultat est le même. »