L’Europe se reconfine : les Pays-Bas en feu

Cela fait maintenant quatre jours que de nombreuses émeutes ont éclaté dans plusieurs villes des Pays-Bas. Les manifestations contre les mesures sanitaires prises par le gouvernement de Mark Rutte ont vite basculé dans la violence. Une situation critique qui a même poussé les policiers à se servir de balles réelles samedi.
" Des jeunes fauteurs de troubles "
Martin Ronken, Néerlandais sexagénaire vivant dans le petit village de Gulpen, raconte que " les gens qui ne veulent pas être vaccinés ont le droit de protester, mais de manière pacifique ". Farzan Najmeddin et sa petite-amie, Julie Van Ketwich-Verschuur, habitent à Amsterdam et partagent le même avis : " La violence n’est jamais justifiable, mais je comprends pourquoi les gens sont en colère. Ils ont l’impression de ne pas être entendus ". Mais qui sont les casseurs ? M. Ronken décrit ces fauteurs de troubles comme " des jeunes issus de familles à faible revenu, la plupart sans emploi avec peu ou pas d’éducation qui se sentent exclus de la société ". M. Najmeddin ajoute que " ça s’est déjà passé en été 2020, c’était là, la première instance des violences. Plus tard, on a découvert que certains de ces groupes étaient organisés et qu’ils communiquaient sur des réseaux comme Telegram. "
Une division marquée
Il y a beaucoup d’avis divergents, explique M. Najmeddin. " Dans mon environnement personnel, les gens que je côtoie ont des avis nuancés. Cependant, certaines personnes s’enferment dans leurs bulles et bien souvent le dialogue est impossible. " Mme Van Ketwich-Verschuur essaie de rester neutre de son côté : " Il y a une grande polarisation de l’opinion vis-à-vis du vaccin autour de moi. Beaucoup de gens en ont marre. Je ne suis pas vaccinée et je pense personnellement que chacun devrait avoir le choix de se faire vacciner ou pas ". Une opinion partagée par beaucoup de compatriotes, mais qui reste néanmoins un sujet de débat dans un pays divisé et épuisé par la COVID-19.
Un gouvernement sous-pression
De son côté, le gouvernement essaie de calmer le mieux possible la situation avant qu’elle ne dégénère encore plus. Avec des manifestations qui ont commencé en réaction aux annonces de reconfinement du premier ministre, Mark Rutte. La classe politique du pays " anticipe ce qu’il pourrait se passer ", selon M. Ronken. Il continue en expliquant que si " le gouvernement continue de pousser les restrictions sans écouter sa population, tout ça pourrait vite mal finir ". Un sentiment partagé par M. Najmeddin, qui définit les restrictions comme étant " la goutte d’eau qui fait déborder le vase " pour une partie de la population, majoritairement les jeunes de 18-25 ans qui se sentent " invisibles " et qui vivent en marge de la société. " Le gouvernement a maintenant le choix, ajoute M. Ronken, puisqu’il a le choix entre la manière douce et la manière forte, mais l’une d’elles pourrait conduire au drame. " Une situation difficile à laquelle le gouvernement néerlandais fait face. En effet, avec les violences de la fin de semaine dernière, " le gouvernement Rutte devra prendre des décisions cruciales dans les prochains jours, des décisions qui seront cruciales pour le pays, et qui se répercuteront dans les années à venir. ", explique M. Ronken. Il conclut en expliquant que " le gouvernement doit agir de manière rapide et intelligente afin de potentiellement éviter un drame qui pourrait arriver à n’importe quel moment ». Avec l'Agence France-Presse