Les votes se suivent et se ressemblent

Pas tellement surprises, pas tellement emballées : deux figures du monde des affaires approchées par L’Atelier, une à la tête d’une entreprise et l’autre au conseil exécutif d’un cabinet d’avocats, livrent leurs impressions suite aux résultats des élections fédérales dévoilés hier en soirée.
« Ce n’est pas une surprise, on s’y attendait », lance d’emblée l’associé directeur du cabinet BCF Avocats d’affaires Pierre Allard au sujet de l’élection du Parti libéral du Canada, qui formera un gouvernement minoritaire pour une seconde fois en moins de deux ans.
Le prolongement du mandat du premier ministre Trudeau n’est pas pour déplaire à M. Allard. Avocat fiscaliste, il est bien positionné pour savoir que le temps est l’allié le plus précieux de l’élaboration de projets de loi à caractère fiscal comme ceux mettant en œuvre un budget, par exemple. « Un mandat de 2 ans est très court pour mener un plan à terme », explique-t-il. À ses yeux, un changement de gouvernemental reviendrait à « relayer aux oubliettes » des procédures déjà enclenchées, un scénario « rempli d’incertitudes », croit-il.
Progrès pour les femmes
Prendre le temps de mener un projet à terme adéquatement représente aussi une raison de se réjouir pour la directrice générale de l’entreprise sociale Alpha Woman Leslie Andrachuk. C’est plutôt l’expansion du soutien aux femmes entrepreneures, particulièrement touchées par la pandémie, que souhaite voir Mme Andrachuk d’ici la fin du règne libéral. Le parti de Justin Trudeau est sur une bonne lancée, mais du travail reste à faire, selon elle.
Alpha Woman, faute d’une existence encore trop courte, n’est pas éligible à certains programmes d’aide aux entreprises. Une brèche avec laquelle vivent plusieurs compagnies menées par des femmes et qui plus facile à colmater si le gouvernement élu était majoritaire, selon sa directrice.
À chacun et chacune son allégeance
Il serait fautif de croire qu’un consensus politique règne dans le milieu des affaires, croit Pierre Allard. « Pour moi, c’est plus une question de principe que de parti, mijote-t-il. Certains députés libéraux me plaisent, tout comme certains conservateurs. »
Le plan environnemental libéral, par exemple, colle davantage aux valeurs de BCF Avocats d’affaires que celui du Parti conservateur. Un point de vue que partage d’ailleurs une grande majorité des Canadiens et Canadiennes, à en croire les résultats des élections.
Jeter de l’argent par les fenêtres
S’il fallait mettre le doigt sur une déception commune au milieu des affaires en ce qui concerne les élections fédérales, les dépenses qu’elles ont engendrées gagneraient sans doute la palme d’or. 600 millions de dollars qui auraient pu faire avancer « 100 autres projets plus importants », avance M. Allard. Une vision d’ailleurs partagée par Mme Andrachuk.
Les résultats électoraux, quoique toujours incomplets, sont pratiquement calqués sur ceux de 2019… même à l’aboutissement de la campagne la plus coûteuse de l’histoire du pays. Au moment d’écrire ces lignes, le Parti libéral est en voie de remporter une seule circonscription de plus qu’aux dernières élections. Pour ce qui est du vote populaire, il s’en tire avec 32,2 %, soit un point de pourcentage de moins qu’en 2019.