Les services de garde au cœur de la campagne fédérale

Les services de garde au cœur de la campagne fédérale
Crédit photo Pixabay

Les services de garde du Québec en pleine crise se sont retrouvés au cœur de la campagne fédérale suite à l’annonce du candidat conservateur d’abolition de l’entente par candidat conservateur avant le débat des chefs en français.

Quelques heures avant le débat des chefs des élections fédérales , Erin O’Toole, candidat à l’élection fédérale du Parti conservateur du Canada (PCC), a annoncé qu’il n’honorera pas l’entente conclue au début du mois d'août entre le gouvernement fédéral et le gouvernement provincial québécois s’il remporte l’élection fédérale.

Débat des chefs en français le 8 septembre 2021 - Crédit photo : page Facebook de 98,5 fm

Cette entente prévoyait le transfert de 6 milliards de dollars canadiens au gouvernement provincial afin de que ce montant soit injecté dans le réseau des services de garde. Une portion importante de cette somme devait être utilisée pour créer des places et à l’amélioration des conditions de travail des éducatrices et éducateurs d’après le Cabinet du ministre de la Famille.

Les réseaux des services éducatifs à la petite enfance du Québec sont actuellement en crise et vivent une pénurie de main-d'œuvre dans les centres à la petite enfance (CPE) et dans les services de garde en milieu familial. Le Conseil québécoise des services éducatifs à la petite enfance (CQSEPE) dont la mission est d'améliorer la qualité des services éducatifs à la petite enfance par sa représentation politique, ses activités, ses services et ses communications.

Francine Lessard, présidente du CQSEPE
Francine Lessard, présidente du CQSEPE - Photo courtoisie
« Dans les deux volets des services de garde, en installations et en milieu familial, on fait face à un exode assez important depuis ces dernières années », a expliqué Francine Lessard, présidente du CQSEPE lors d’une entrevue téléphonique avec l'Atelier.

Un secteur en crise

Pour Mathieu Morin,conseiller aux communications pour la Fédération des intervenantes en petite enfance (FIPEQ-CSQ), les coupes budgétaires effectuées dans le réseau de la petite enfance depuis 2014 sont à l’origine des départs massifs des éducatrices.

Écoutez un extrait de l’entrevue avec Mathieu Morin où celui-ci décrit la situation des travailleuses dans le secteur de la petite enfance  :

Même son de cloche du côté des Centres de la petite enfance pour la famille (CPE) ou le manque de ressources humaines oblige les éducatrices à cumuler les heures de travail. « La direction se retrouve régulièrement sur le plancher pour remplacer le personnel manquant, à la cuisine par exemple » a déclaré Marie-Claude Gagnon, directrice du CPE Tortue têtue.

Proposition du PCC inadaptée au Québec

Dans son cadre financier, le PCC a remplacé le programme national de garde d'enfants des libéraux par des allocations envoyées directement aux familles. Selon ce document, les dispositifs de ce plan permettraient d'épargner 26,7 milliards de dollars sur cinq ans au gouvernement fédéral.

Ainsi, le PCC prévoyait d’annuler l’entente de 6 milliards de dollars pendant 5 ans conclue entre Ottawa et Québec. Les conservateurs proposaient un crédit d’impôt allant jusqu’à 75% pour les familles de tout le pays. Malgré nos demandes d'entrevue, le Parti conservateur du Québec n’a pas donné suite à nos requêtes dans le cadre de ce reportage.

Pour Mathieu Morin, cette proposition des conservateurs ne ferait qu’empirer la situation. En effet, les services de garde du Québec proposent aux parents des places subventionnées à faible coût. Actuellement, les parents québécois qui disposent d’une place subventionnée à contribution réduite paient 8,50 $ par jour pour ces services, selon les informations disponibles sur le site internet du Cabinet du ministre de la Famille. Ainsi, le crédit d'impôt proposé par les conservateurs ne résoudrait pas les problèmes liés au manque de place pour les enfants et la pénurie d’éducatrices.

À ce propos, écoutez un extrait de l’entrevue de l'Atelier avec Mathieu Morin :

Au cours du débat des chefs, le premier ministre Justin Trudeau n’a pas manqué de faire remarquer que le crédit d’impôt proposé par les conservateurs pour les familles les plus vulnérables ne bénéficierait pas à celles du Québec.

Des avis bien tranchés

Pour Marie-Claude Gagnon, les programmes des candidats à l’élection fédérale n’auront pas une grande influence sur les conditions de travail des éducatrices au Québec.

« Je me sens loin de la campagne fédérale » a déclaré Marie-Claude Gagnon au cours de notre entrevue avec l'Atelier.

La FIPEQ-CQS estime que le transfert de 6 milliards prévu entre Québec et Ottawa est un bon moyen de venir en aide au réseau des services de garde. De ce fait, la Fédération regrette la décision des conservateurs de mettre fin à cette entente dans le cas où Erin O’Toole aurait été élu premier ministre du Canada. « C’est une entente qui est signée. On trouve déplorable qu’un parti politique souhaite faire des économies sur des engagements qui ont déjà été pris», a indiqué Mathieu Morin.

Concernant l'élection fédérale, le conseiller au communication de la FIPEQ-CSQ a souligné qu'il n'y a que le programme des conservateurs qui poseraient problèmes dans le réseau éducatif à la petite enfance, compte tenu de leur choix de ne pas respecter l'entente de 6 milliards.

Pour le CSQEPE, une entente signée vaut mieux aue des promesses électorales qui ne verront peut-être jamais jour selon les déclarations de sa présidente.

Suite à la victoire des libéraux lundi soir, le transfert devrait être maintenu entre les deux gouvernements.