Les producteurs laitiers somment le gouvernement de tenir ses promesses d'indemnisation
Les Producteurs laitiers du Canada (PLC) somment le gouvernement à tenir parole en ce qui a trait à sa promesse d'indemnisation financière découlant de la signature des trois accords commerciaux successifs, l'AECG, le PTPGP et l'ACEUM.
Les Producteurs laitiers du Canada (PLC) somment le gouvernement à tenir parole en ce qui a trait à sa promesse d'indemnisation financière découlant de la signature des trois accords commerciaux successifs, l'AECG, le PTPGP et l'ACEUM.
Durant une conférence de presse tenue sur la plateforme ZOOM devant une dizaine de journalistes et près d'une centaine de personnes, mardi matin, les demandes ont été claires du côté des producteurs laitiers canadiens. Ces derniers souhaitent que le gouvernement fasse état de l'échéancier des paiements et qu'il annonce, et ce, sans délai, les montants rattachés au solde des indemnisations dues pour l'Accord économique et commercial global (AECG), l'Accord de Partenariat transpacifique global et progressiste (PTPGP) et l'Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM), trois ententes commerciales signées dans les dernières années. Ces compensations financières avaient été promises et devaient être octroyées sous forme de paiements directs aux producteurs durant l'année 2019-2020.
Compensations financières
En effet, le gouvernement fédéral avait annoncé au mois d'août 2019 qu'il accorderait 1,75 milliard de dollars sur huit ans, en guise de compensations financières, aux producteurs de lait canadiens soumis à la gestion de l'offre. Or, sur cette somme, seulement 345 millions de dollars ont été versés aux producteurs au cours de la dernière année et le programme d'aide doit prendre fin le 31 mars prochain. Les quelques 6000 producteurs laitiers canadiens sont donc toujours dans l'attente que les promesses faites se réalisent. « La première année, on a eu le paiement et tout était beau », a révélé le président des Producteurs laitiers canadiens, Pierre Lampron, qui se dit inquiet d'arriver bientôt aux termes de cette entente sans avoir touché le reste des sommes gouvernementales dues.
Un souhait pressant
Ce que les producteurs laitiers canadiens souhaitent, « c'est que le gouvernement passe de la parole aux actes », comme l'a mentionné M. Lampron, en amorce de la conférence de presse. Ce dernier a de plus affirmé qu'ils veulent tous « cesser d'évoluer dans le brouillard » et « devenir de réels partenaires ».
« Il doit y avoir des règles strictes régissant ces entrées de produits au pays » - Pierre Lampron, président des Producteurs laitiers canadiens.
Selon lui, d'ici 2024, 18% du marché laitier intérieur appartiendra aux producteurs étrangers, ce qui engendra nécessairement une chute des revenus des producteurs locaux. « Et c'est déjà commencé », a juré d'un seul souffle celui qui est producteur laitier dans la Mauricie depuis 1987. « En ne respectant pas son engagement, le gouvernement nuit à son propre secteur laitier, un choix qui semble contre-intuitif », renchérit-il.
« C'est un marché pour lequel on ne pourra plus produire » a appuyé Lucie Boileau, directrice des communications pour les Producteurs laitiers du Canada. En effet, explique-t-elle, ces 18% du marché, les producteurs locaux ne pourront pas y prendre part, puisqu'ils seront réservés à la production de produits laitiers étrangers. Cette proportion comptera notamment les productions laitières des États-Unis, de l'Europe ou d'autres pays qui proviennent du PTPGP, tels l'Australie et la Nouvelle-Zélande.
La gestion de l'offre
« Ce n'est pas les producteurs laitiers qui déterminent le prix de la pinte de lait au détail, c'est vraiment le commerçant qui décide », soutient Lucie Boileau. Celle-ci explique que la gestion de l'offre aide notamment à gérer l'importance des productions tout en donnant une stabilité aux producteurs comme aux consommateurs canadiens, lesquels peuvent être assurés de ne jamais voir venir de pénurie de lait ni de surproduction. " Quand les compétiteurs étrangers viennent chercher une partie de notre marché, ça enlève une partie de notre production domestique ", a-t-elle ajouté. Leurs revenus chuteront nécessairement, et c'est ce que craignent les fermiers. En baissant ainsi la production pour nos producteurs locaux, ceux-ci auront nécessairement moins de revenus.
Les PLC estiment toutefois que les consommateurs locaux sont de plus en plus conscients de la souveraineté alimentaire et qu'ils recherchent la « vache bleue » sur leurs produits laitiers.