Les gardiens québécois n’ont plus la cote
Seul quatre d'entres eux ont disputé plus de dix matchs dans la LNH depuis 2020

Au cours des dernières années, le Canada a connu des difficultés à développer des gardiens de but qui atteignent la Ligue nationale de hockey (LNH). En 2022-2023, seulement deux gardiens québécois ont joué des rencontres dans la LNH: Marc-André Fleury, avec le Wild du Minnesota, et Samuel Montembeault, avec les Canadiens de Montréal.
Cette baisse s’explique par plusieurs raisons, notamment par l’évolution des gardiens dans des pays comme la Russie et la Suède. Selon l’ancien entraîneur des gardiens des Canadiens de Montréal, Stéphane Waite, l’ascension d’Internet a permis aux pays de s’inspirer du Québec, d’où viennent des légendes de la LNH, notamment Jacques Plante, Patrick Roy et Martin Brodeur.
Manque d’entraîneurs de gardiens
D’après M. Waite, un manque d’entraîneurs ralentit le développement des portiers partout dans la province. « Je suis impressionné par le calibre des entraîneurs au Québec, mais le problème c’est qu’on a un gros manque d’entraîneurs de gardiens de but », affirme le double champion de la Coupe Stanley en 2010 et en 2013.
Il constate que le manque d’instructeurs se ressent chez les jeunes âgés de 10 à 13 ans. « Avec Hockey Québec, on veut se concentrer à développer des entraîneurs de gardiens de but », confirme M. Waite.
Cette pénurie de main-d’œuvre peut s’expliquer par une rémunération faible ou inexistante pour certains instructeurs. « C’est clair qu’il faut créer des programmes où les entraîneurs peuvent être rémunérés, parce qu’il n’y a personne qui va travailler pour rien », affirme l’entraîneur qui possède la plus vieille école de gardiens de but au Québec.
Impatience dans
le développement
Selon l’entraîneur des gardiens chez les Condors Beauce-Appalaches, Christian Bouchard, dans la Ligue de hockey junior AAA du Québec, les entraîneurs ne sont pas assez patients dans le développement des hommes masqués.
Il compare le développement d’un gardien à un marathon. « Au Québec, on ne laisse pas le temps aux gardiens de but de compléter le marathon. Si tu n’évolues pas dans la LHJMQ à 18 ans, tu n’as presque aucune chance de jouer dans la LNH », se désole M. Bouchard.
Pour Stéphane Waite, il serait avantageux que les jeunes gardiens pratiquent d’autres sports pour qu’ils deviennent de meilleurs athlètes. « Nos gardiens de but sont trop concentrés sur la technique au lieu de développer des qualités athlétiques », explique l’entraîneur d’expérience.
Une autre raison souvent mentionnée est le prix des équipements. Le hockey est un sport qui est coûteux pour les parents de jeunes joueurs, et particulièrement dans le cas des gardiens de but. Selon un article du Journal de Québec, le prix minimal des équipements pour un gardien de but est d’environ 880 $ et il peut monter jusqu’à plus de 2000 $.
Selon l’entraîneuse des gardiennes de la Force de Montréal, Kathy Desjardins, l’équipement est devenu un problème financier pour de nombreuses familles. « On ne peut pas garder trop longtemps les jambières des jeunes gardiens, parce que des jambières trop petites peuvent amener des risques de blessures», explique-t-elle.
