Les fripes sont en vogue
Chronique — Le marché des friperies s'élargit au même rythme que celui de la mode rapide.
En magasinant en friperie, on encourage l'insertion de gens qui peinent à trouver un emploi sur le marché du travail, on diminue notre empreinte écologique en plus de soutenir les organismes à but non lucratif.
Mais n'est-ce là qu'un discours pour excuser le phénomène d'embourgeoisement des friperies auquel on participe ?
Depuis quelques années, on assiste à la multiplication des boutiques de vêtements d'occasion qui offrent des produits dans une fourchette de prix généralement plus élevée que ceux offerts au Village des Valeurs, chez Renaissance ou à l'Armée du Salut, par exemple.
Et ces friperies "haut de gamme" s'approvisionnent elles aussi dans les grands magasins d'occasion initialement destinés aux clientèles moins fortunées.
Les personnes financièrement aisées magasinent-elles en friperies aux dépens des moins bien nanties ?
2e rang des industries les plus polluantes
Chaque année dans le monde, un peu plus de 80 milliards de vêtements neufs sont consommés.
Les Québécoises et les Québécois se départent en moyenne de 24 kilogrammes de vêtements par an, selon les données publiées par Recyc-Québec en 2016. De ces quelque 190 000 tonnes de tissu, à l'échelle de la population, seulement 40 % sont récupérés.
Il y en aurait largement assez pour vêtir toute la population mondiale.
Selon une étude menée en 2017 par la fondation Ellen MacArthur, le vêtement est désormais au deuxième rang des industries les plus polluantes sur la planète, après le pétrole, puisqu'il génère 1,2 milliard de tonnes de CO2 par année.
Un acte citoyen
Si l'achat de vêtements d'occasion était plutôt stigmatisé il y a quelques années, le marché d'aujourd'hui est beaucoup plus accepté socialement.
La perception générale du marché continue d'évoluer favorablement chez les Canadiens, selon l'indice Kijiji de l'économie de seconde main publié en 2019 par l'Observatoire de la consommation responsable.
Les données sur cinq ans révèlent une croissance remarquable des motivations écologiques de la population, qui se tourne vers l'économie du vintage. Le consommateur est de plus en plus conscient de son impact sur sa communauté.
Magasiner en friperie est devenu un acte citoyen, et tout le monde peut cohabiter dans l'écosystème de la seconde main.