Les festivals, fondamentaux pour le cinéma
Par les opportunités offertes tant au réalisateur qu'à son œuvre et par le rayonnement qu'ils procurent, les festivals de cinéma sont des événements essentiels du milieu cinématographique québécois.
Opportunité et visibilité
Les festivals m'ont permis de voir toute la beauté et l'humanité de l'industrie
La potentielle visibilité offerte à un film dans le cadre d'un festival est un avantage incontournable. Sébastien Desrosiers, journaliste à Radio-Canada, a réalisé Ndagukunda déjà, son premier long documentaire qui a, entre autres, été présenté dans le cadre des Rencontres internationales du documentaire de Montréal de 2020. "Il est important pour ceux qui font des films d'avoir cet espace de diffusion pour attirer un public plus large que ce qu'ils auraient pu faire sans les festivals", explique-t-il.
Il croit aussi que certains festivals "démocratisent l'industrie du cinéma": ceux qui ne souhaitent pas voir de films en salle ont tout de même la possibilité de s'abonner en ligne à un festival et d'écouter des œuvres dans le confort de leur foyer. Démocratiser le cinéma, c'est selon lui l'un des rôles des festivals : "C'est aussi dire qu'un film mérite d'être vu, et c'est une opportunité de faire connaître davantage son film", estime-t-il.
Pour Dulcinée Ménard, étudiante à l'Université Concordia en production cinématographique et réalisatrice du court-métrage Au pied du mur, qui a été présenté entre autres aux Rendez-vous Québec Cinéma, les festivals "permettent non seulement d'élargir le public potentiel d'un film, mais aussi de rencontrer d'autres cinéastes et gens de l'industrie". Ces rencontres sont, selon elle, une excellente façon de développer son réseau de contacts, mais aussi d'apprendre et d'échanger avec d'autres artistes.
Cependant, une participation à un festival n'est pas garante du succès d'une œuvre. Achille Jubinville, réalisateur du court-métrage Renard, participant au festival chilien Cine de Lebu et au Trinity Film Festival, entre autres, explique que "les petits festivals ne vont pas mettre un film sur la map, mais donnent plutôt une reconnaissance et une valeur au travail du réalisateur". C'est, croit-il, une honnête forme d'encouragement pour les réalisateurs moins connus.
Le Québec et les festivals
Les difficultés de l'industrie cinématographique au Québec sont criantes. Par exemple, seulement 93 films sur 637 diffusés en salles en 2018 étaient des productions québécoises, selon des données de L'Institut de la statistique du Québec. Dulcinée Ménard insiste sur l'importance des festivals pour le cinéma d'ici : "Le cinéma québécois a besoin du petit push qu'amènent les festivals, parce qu'il n'y a pas beaucoup de films québécois dans les salles, et aussi, c'est parfois difficile de les retrouver en ligne."
Les festivals québécois deviennent souvent un véhicule pour promouvoir la culture, explique Marie-Andrée Fortier, professeure en cinéma au Cégep de Saint-Laurent. "La rentabilité n'est pas l'objectif principal des festivals, parce qu'ils ne sont pas toujours rentables. L'objectif est souvent de faire rayonner la culture". Elle affirme que le rayonnement procuré par les festivals, d'ici ou d'ailleurs, peut s'avérer nécessaire pour l'industrie, puisqu'il peut "aider à convaincre le gouvernement, qui finance la majorité des films d'ici, d'accorder du financement à l'industrie".
Au-delà de cette portée internationale, qu'un festival se déroule ici ou dans d'autres pays, il peut permettre au cinéma québécois de briller. Même les festivals qui se déroulent dans de plus petites villes comme on en trouve notamment à Saguenay, Percé et Rimouski, apportent une certaine visibilité à la culture que ne permettent pas nécessairement les plus gros festivals. Souvent, ces événements attirent principalement des cinéphiles, mais l'aspect local permet d'encourager le grand public d'une région à accéder et à s'intéresser aux œuvres présentées, explique la professeure en cinéma. C'est ce qui fait la beauté des festivals, croit M. Jubinville : "il y en a pour tous les genres, tous les goûts, tant pour le cinéma indépendant que professionnel".