L'éducation sexuelle n'est pas prioritaire au Québec
Les cours d'éducation sexuelle instaurés en 2018 par le gouvernement Couillard, dans la foulée du mouvement #moiaussi, se font toujours sur une base volontaire de la part des professeurs. Une volonté qui se fait rare en raison du manque d'expertise, de ressources et de temps, et ce sont les élèv...
Depuis 2018, cinq à quinze heures d'enseignement à la sexualité par année sont obligatoires au primaire et au secondaire, mais aujourd'hui, très peu de professeurs enseignent réellement cette matière importante, par manque d'expertise, de ressources ou de temps.
"Il n'y a pas eu d'éducation sexuelle chez les jeunes dans les dernières années. C'est un mythe", confirme Élie Dagenais, professeur en éthique et culture religieuse au secondaire ; un propos que corrobore le professeur de français de 4e secondaire Patrice Sirois ainsi que le stagiaire en enseignement des sciences de 2e secondaire Antoine Debien. Les trois font partie de la minorité ayant donné des heures de cours d'éducation sexuelle.
M. Dagenais explique que les professeurs qui désirent donner ces cours sont dans une certaine" illégalité ". La Fédération des syndicats de l'enseignement leur recommande fortement de ne pas enseigner ce contenu afin de faire pression sur le gouvernement puisque aucun changement n'a été fait à leur convention collective.
Les professeurs sont forcés de préparer ce programme d'éducation sexuelle dans leur temps personnel et dans les heures de cours déjà chargées, ajoute-t-il. "Ce que le gouvernement a dit, c'est : puisez dans vos programmes de français, d'histoire et d'éthique [etc.] et faites de la magie pour continuer à faire tout ce que vous faites."
Les centres de services scolaires du Québec doivent tout de même répondre à la demande ministérielle des heures exigées.
Pour ce faire, certaines écoles secondaires font venir différents organismes pour discuter avec les élèves. Avec la pandémie cependant, ces visites, qui épaulent énormément les professeurs, ont été très limitées, précise la sexologue et codirectrice de SexURL, Estelle Cazelais.
Puisque l'éducation à la sexualité se fait sur une base volontaire, "celle-ci a toujours été présente d'une manière ou d'une autre, mais ça n'a jamais été la chose la plus encadrée", précise-t-elle.
"Les jeunes vont chercher leurs informations sur Internet ou auprès des autres jeunes et ils se fient beaucoup à leurs pairs. Cela peut créer de la désinformation et de la distorsion cognitive, et c'est vraiment important que tout ça soit élucidé à leur âge", souligne la bachelière en sexologie Chanelle Coulot quant aux bénéfices de l'encadrement des cours d'éducation sexuelle au secondaire.
Dans le but d'offrir une éducation à la sexualité inclusive, positive et complète, la Coalition en éducation à la sexualité revendique actuellement une augmentation du financement provincial afin de procurer, aux professeurs ou intervenants qui dispensent les contenus, des formations initiales avec des professionnels.