L’écoresponsabilité trouve écho chez Duceppe

DOSSIER: Les 50 ans de la compagnie de théâtre Duceppe. Fer de lance des productions théâtrales respectueuses de l’environnement.

L’écoresponsabilité trouve écho                     chez Duceppe
La pièce de théâtre Mama est la sixième production écoresponsable de Duceppe signée Écoscéno. Photographe, Danny Taillon

Duceppe, détenteur de l’accréditation OR du Conseil québécois des événements écoresponsables (CQEER), œuvre à rendre sa pratique la plus respectueuse de l’environnement possible depuis 2019. Cet effort d’écoconception est encore plus marqué à la lumière de ses productions de 2022.

L’écoconception dans le domaine des arts vivants se traduit par un effort dans la réalisation d’un projet à tendre vers la carboneutralité. Ce mandat touche surtout la scénographie d’une œuvre, c’est-à-dire les décors, les costumes et les accessoires.

L’écoconception peut se présenter sous forme de location et de réutilisation des éléments des décors. Elle se traduit aussi par un souci d’adaptation de choix des matériaux pour faciliter leur insertion dans un projet futur.

Une nouvelle ère

Duceppe, porte-étendard de l’écoconception en partenariat avec l’organisme Écoscéno, spécialisé dans le domaine, tente de réaliser des pièces de théâtre qui sont écoresponsables, et ce, du début à la fin du projet. Sa cinquantième saison présente trois œuvres à l’image de cette innovation: Mama, Showtime : une grosse pièce de théâtre et Manikanetish.

« Duceppe est le premier qui a témoigné son soutien et son désir d'aller vers l’écoconception », affirme Marianne Lavoie, accompagnatrice Écoscéno.

La pièce Mama, présentée au Théâtre Jean-Duceppe de la Place des Arts du 7 septembre au 8 octobre 2022, a adhéré à cette mission. Geneviève Lizotte, scénographe de l'œuvre, était somme toute contente de cette initiative.

« Il y avait un malaise pour moi depuis des années de créer des décors qui utilisent beaucoup de matériaux qui sont souvent des matériaux neufs », soutient-elle.

« Avant, on achetait des matériaux neufs. Après les représentations, on faisait venir un container et on sacrait ça dedans. C’était ça la pratique des théâtres, et c’est encore la pratique de certains théâtres. C’est impensable aujourd’hui de créer dans ce mode-là d’achat et de jeter après. Écoscéno nous aide à réfléchir à tout ça. Faut continuer! », s’exclame Jean-Simon Traversy, codirecteur artistique chez Duceppe.

Mama a atteint une réutilisation de 80% du décor et de 94% des accessoires après le spectacle. Plus de 68% du décor et 94% des accessoires provenaient à la base d’un approvisionnement responsable, selon les calculs réalisés par Écos céno après le spectacle.

Des restrictions de plus

Cette notion d’écoresponsabilité demande tout de même de nombreuses heures et encore plus de sacrifices. Certaines idées d’éléments de décors sont parfois abandonnées à cause de leur impact environnemental trop grand.

Cet équilibre entre l’environnement et la création est très important pour Geneviève Lizotte. « La lacune va toujours être à quel point je restreins mon geste créateur pour l’écologie », explique-t-elle.

Marianne Lavoie considère que ce cadre permet, au contraire, d’aller encore plus loin dans son processus créateur. « Pour faire de l’écoconception, il faut qu’il y ait une flexibilité. Il faut être capable de travailler à travers ces contraintes pour en faire des moteurs créatifs. Ça peut amener une scénographie plus loin qu’en restant rigide dans nos idées »,       souligne-t-elle.

Faire de l’art autrement

Malgré la montée en popularité de l’écoconception, cette pratique travaille toujours à se faire accepter comme étape essentielle du processus de création. « C’est de plus en plus accepté et souhaité dans les équipes. J’ai vraiment hâte que ce soit vu dans le milieu comme quelque chose qui ne peut pas être “botché” », soulève Marianne Lavoie.

Selon Geneviève Lizotte, ce n’est qu’une question de temps avant que l’écoconception soit inévitable dans l’élaboration d’une œuvre. « Je crois que Duceppe a ouvert le bal à d’autres théâtres et montre que le faire systématiquement est super important », souligne la scé nographe.