Le REM de l'est : un accès inéquitable pour les piétons

L'annonce du prolongement du REM ne fait pas l'unanimité chez les urbanistes qui craignent un chantier trop complexe en plein centre-ville, principalement sur le boulevard René-Lévesque.

Le REM de l'est : un accès inéquitable pour les piétons

Le Réseau express métropolitain (REM) sera prolongé par voie aérienne afin de lier l'est et le nord de Montréal vers le centre-ville, a-t-on annoncé mardi matin lors d'une conférence de presse mettant en vedette Valérie Plante, le premier ministre François Legault, ainsi que la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ). Toutefois, un projet de cette envergure pourrait être une menace pour la sécurité des piétons dans la métropole.

« C'est le plus important projet de transport collectif de l'histoire du Québec » - Charles Émond

Les premiers plans du REM montraient un trajet dont l'entièreté du tracé était au niveau du sol. Cependant, après avoir effectué plusieurs études, la CDPQ a convenu qu'il était plus avantageux de construire la majorité du trajet en hauteur, comme l'a expliqué par le directeur de la caisse, Charles Émond. "Le gouvernement du Québec a demandé à la Caisse d'étudier de nouveaux axes de développement permettant d'offrir un tracé de transport public reliant le centre-ville de Montréal à la pointe est de l'île, d'ajouter une branche nord-sud au réseau de transport et d'assurer une intégration efficace avec les réseaux existants." Le trajet aérien du REM de l'est s'étendra sur 25 km, les 7 km restants se retrouveront
sous terre.

Ce projet a également pour but de rétablir l'iniquité en transport qui afflige l'est et le nord de Montréal, selon la directrice scientifique du Laboratoire Piéton et Espace urbain (LAPS), Marie-Soleil Cloutier. "Les quartiers moins fortunés n'ont pas toujours un accès équitable au centre-ville, donc aux emplois mieux rémunérés", explique la Dre Cloutier. En effet, l'instauration d'un nouveau réseau de transport collectif pourrait venir combler ce besoin, car il aurait un impact important sur l'équité de transport dans la ville, réduisant de 25 % à 70 % le temps requis pour voyager des zones visées par le REM de l'est vers le centre-ville. De plus, certaines familles habitant ces zones pourront se permettre de se départir d'un véhicule, ou de plusieurs, afin d'investir cet argent ailleurs.

La sécurité avant tout

Sur les réseaux sociaux, plusieurs citoyens se sont montrés inquiets quant à l'annonce d'un tel projet. Nombreux s'interrogent sur l'impact visuel des installations en hauteur sur le paysage montréalais. En revanche, la mairesse Plante s'est montrée rassurante en confirmant l'existence d'un volet du projet consacré à l'aspect artistique des structures. "Nous allons offrir des structures comprenant une signature artistique à la montréalaise, afin que le tout s'intègre bien dans les décors de notre ville."

La sécurité des citoyens représentait une inquiétude importante pour ceux qui assistaient en direct à la conférence de presse. La Dre Marie-Soleil Cloutier a signalé qu'il pourrait y avoir certains inconvénients associés à l'édification d'un REM en hauteur. "Je possède quelques préoccupations en ce qui concerne l'accès pour les piétons, explique-t-elle. Par exemple, certaines personnes à mobilité réduite ne pourront pas monter les escaliers menant vers les stations et il faudra penser à une façon de leur donner accès à ce service."

L'installation des stations du REM augmentera la circulation de piétons aux alentours des stations, qui, selon les premières modélisations du projet, risquent de se retrouver à proximité des routes. "Par exemple, certaines configurations de traverses piétonnières et de pistes cyclables ne seront peut-être pas configurées pour accueillir autant de gens, signale Dre Cloutier." Ainsi, il sera impératif de repenser certains de ces espaces pour permettre à tous de circuler en toute sécurité et en profitant des nouvelles installations.

Le gouvernement a établi que la construction d'un REM en hauteur était la meilleure option pour minimiser les impacts sur les réseaux routiers qui auraient été affectés par des wagons circulant à travers le centre-ville. De plus, ce choix limitera les expropriations à une soixantaine de Montréalais et permettra d'éviter les structures enfouies sous le sol. Finalement, ce vaste système de transport en commun automatisé serait prêt à desservir 133 000 personnes d'ici 2044 selon les études de la Caisse de dépôt et placement, ce qui permettra de désengorger les autres réseaux de transport en commun présents dans la métropole.