Le nettoyage des puits de pétrole canadiens abandonnés coûte de plus en plus cher

Le montant pour nettoyer les puits de pétrole et de gaz orphelins au Canada s'est élevé à 361 millions de dollars en 2020.
Selon le rapport présenté mardi par Yves Giroux, directeur parlementaire du Budget (DPB), ce chiffre s'élèvera à 1,1 milliard de dollars en 2025. Le nombre de puits inactifs n'a cessé de croître ces dernières années, notamment, en raison du ralentissement de l'industrie des énergies fossiles, ce qui explique l'augmentation des coûts projetée.
Au Canada, il y aurait 370 000 puits de pétrole inactifs d'après une étude récente menée par l'Université McGill.
Dans le cadre du programme Plan d'intervention économique du Canada en réponse à la COVID-19, le gouvernement fédéral a alloué en 2020 un montant de 1,7 milliard de dollars à l'Alberta, à la Saskatchewan et à la Colombie-Britannique pour le nettoyage des puits abandonnés situés sur leur territoire. Les provinces choisies abritent le plus grand nombre d'infrastructures inactives.
« Sur les 10 100 puits orphelins [en Alberta], un peu plus de 1 800 ont été nettoyés en 2020. [Il n'y a] pas de données sur le nettoyage des puits après 2020 », commente l'analyste économique au Bureau du directeur parlementaire du budget (BDPB), Nora Nahornick, par courriel.
D'après elle, 222 millions de dollars ont été versés au total à dix entreprises en Alberta. Ce montant représente « un peu moins de la moitié des fonds [dont le montant a été rendu public par la province] ». Parmi ces compagnies, se trouvent la Canadian Natural Resources et la Paramount Resources, les plus importantes de la liste.
En entrevue avec L'Atelier, Yves Giroux a rappelé que l'assainissement des puits est une responsabilité provinciale: il n'existe pas de plan fédéral pour suivre les progrès de ces projets de réhabilitation.
Des conséquences environnementales importantes
Le rapport représente un début de solution pour pallier les enjeux environnementaux posés par les puits inactifs, croit le professeur émérite en écotoxicologie moléculaire en milieux côtiers de l'Université du Québec à Rimouski (UQAR), Émilien Pelletier.
Toutefois, il y a un bémol. « Ce sont les citoyens qui vivent avec ce problème environnemental. Si l'ouvrage a été bien fait quand le trou a été percé [pour le forage], il y a moins de dégâts. Si le travail a été mal fait, les terrains autour des trous sont probablement contaminés et devront être traités aussi », explique M. Pelletier.
La contamination des eaux souterraines et la fuite de méthane dans l'atmosphère sont également des risques causés par les puits abandonnés, ajoute le professeur de l'UQAR.
Sur une période de 20 ans, les impacts du méthane seraient 84 fois plus puissants que ceux du dioxyde de carbone (CO2), le principal gaz à effet de serre causant le réchauffement climatique, selon un rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) publié en août 2021.