Le fédéral sous-estime les logements abordables
Le budget 2021 prévoit 2,5 milliards de dollars supplémentaires
Les investissements supplémentaires du gouvernement fédéral pour augmenter le nombre de logements abordables, soit 2,5 milliards de dollars sur sept ans, apportent un baume temporaire à la crise du logement, qui risque toutefois de s'exacerber dans les prochaines années.
"Il faut savoir que cette initiative vise à répondre à des besoins urgents de personnes en situation d'itinérance ou de très grande précarité", soutient Véronique Laflamme, porte-parole du Front d'action populaire en réaménagement urbain.
Elle croit que le soutien d'Ottawa ne permettra pas le développement de logements sociaux pour des locataires qui consacrent une part trop importante de leurs revenus pour se loger. Les sommes prévues seront trop faibles pour couvrir les besoins de l'ensemble du pays sur une décennie, ajoute-t-elle.
L'argent frais du gouvernement Trudeau annoncé lundi dans son budget vient s'ajouter aux 40 milliards de dollars débloqués sur dix ans dans la Stratégie nationale sur le logement, mise en place en 2017. Pour 2021-2022, une somme supplémentaire de 1,5 milliard sera consacrée à la création rapide de logements.
Selon le directeur général de la Société immobilière Quatre-Bourgeois, Mathieu Sachel, une compagnie de gestion de logements basée dans la ville de Québec, ce sont de "bonnes mesures temporaires". Il est d'avis que le système immobilier doit être rapidement revu, sinon "l'accès à la propriété va continuer à être de plus en plus difficile, les propriétaires vont continuer à s'enrichir et les locataires vont continuer à s'appauvrir".
Une nouvelle taxe
À partir de janvier 2022, une taxe de 1% va être imposée sur les biens immobiliers qui ne sont pas pleinement utilisés par les propriétaires étrangers qui ne résident pas au Canada. Cela va permettre au gouvernement d'amasser 700 millions de dollars sur quatre ans pour financer différents programmes de logements abordables. "C'est un peu illusoire de penser que c'est ça qui va régler la crise du logement", lance Mme Laflamme.
"La difficulté, c'est vraiment de démontrer que la maison est complètement inoccupée", souligne de son côté l'économiste François Des Rosiers, professeur à l'Université Laval. Le défi est de taille, car la taxe pourrait être contournée par des propriétaires rusés, comme cela s'est vu à Londres, au Royaume-Uni, qui a déjà adopté une mesure similaire.