Le difficile quotidien d’un musicien souterrain
Après une absence de 19 mois, les musiciens de métro ont enfin fait leur retour dans les différentes stations de la STM.
Claude Gélineau est violoniste de métro depuis plus de 30 ans. « J’ai commencé quand j’étais étudiant en 1990 pour arrondir mes fins de mois. Depuis, ça me permet de vivre de mon art modestement, mais ça fait le travail »,
explique-t-il.
Frappé durement par la COVID-19
La pandémie a été extrêmement difficile dans son cas. « Du jour au lendemain, j’ai perdu tous mes contrats parce qu’ils étaient annulés ou repoussés, révèle le musicien. J’ai toutefois pu faire quelques funérailles, mais ce n’était pas assez et on s’entend que c’est moins plaisant dans ce temps-là. »
Il estime également que la musique a grandement souffert lors de la pandémie. « C’est un virus qui nous rend asociaux, et la musique, le violon surtout, c’est un instrument social, ça sert à nous rassembler », ajoute-t-il.
« On est tenus pour acquis »
Bien qu’il soit heureux de son retour dans les couloirs de la STM, il admet préférer jouer à l’extérieur, bien que ce ne soit possible que 4 ou 5 mois par année. « Dehors, c’est plus payant, reconnaît le musicien. Les gens prennent le temps de s’arrêter pour nous donner de l’argent, alors qu’on est tenus pour acquis dans le métro. Nous sommes là pour mettre une ambiance, mais j’ai remarqué qu’il y a présentement près de 25 % des gens qui payent, alors que c’était la moitié quand j’ai commencé. »
Il explique cette baisse par la diminution de la circulation d’argent liquide. Les gens n’ont plus de monnaie de nos jours, puisque tout se paye par carte, selon lui. « Aujourd’hui, ils nous applaudissent et nous félicitent, mais à la fin de la journée, je ne fais pas plus d’argent », déplore-t-il.
De plus, il mentionne qu’il est plus difficile de jouer dans le métro puisque le choix de musique est beaucoup plus limité. « Quand tu joues du violon dans le métro, il faut jouer [...] de la musique entraînante. Si tu joues un rythme plus relaxant, le public va t’ignorer, alors que s’il reconnaît une chanson, il va s’arrêter et c’est à ce moment-là qu’il risque de payer. Présentement, j’ai commencé à jouer mes chansons de Noël, donc, pour l’instant, ça va bien. Par contre, ça devient plus difficile d’avoir de l’intérêt quand arrive printemps », conclut le violoniste.