Le Canada doit cesser de jouer le jeu

En refusant d'envoyer leurs dignitaires en Chine, tout en laissant leurs athlètes représenter le pays aux Jeux olympiques de Pékin, les États-Unis tentent de ménager la chèvre et le chou. Cette pseudo-position visant à condamner le génocide des Ouïgours, tout en donnant la chance aux sportifs de participer aux compétitions, laisse néanmoins la porte ouverte au Canada pour manifester sa désapprobation relativement au traitement réservé à ce peuple par le régime chinois.

L'annonce de Washington a frayé la voie à la protestation contre les violations des droits de la personne qui sévissent en Chine. Le Canada doit assumer une posture plus affirmée en boycottant complètement les Jeux olympiques d'hiver, qui auront lieu du 4 au 20 février prochain.

Étant donné que la Chine tirera profit de la tribune octroyée par cet écran de fumée sur ses pratiques illicites, prendre part aux événements sportifs reviendrait à adhérer en silence à ce que le gouvernement inflige à la communauté ouïgoure.

De la parole aux actes

Justin Trudeau avait déjà évoqué sa contrariété au regard du bilan chinois en matière des droits de la personne. Malgré les menaces de contre-mesures, les gouvernements doivent maintenir le cap. Autrement, ils laissent entendre à la Chine qu'ils ne peuvent lui tenir tête et, conséquemment, qu'ils plient devant elle.

L'envoi des athlètes canadiens en Chine reviendrait à un acquiescement silencieux. C'est au travers de conséquences tangibles que peuvent être pesés le réel poids des gestes posés et l'ampleur de leur portée. Malgré le fait qu'un boycottage total des Jeux olympiques de la part du Canada ne mettra pas fin aux atrocités qui surviennent en territoire chinois, le Canada enverrait un message fort de protestation, brisant une forme de mutisme général.

La ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a affirmé aujourd'hui que « nos athlètes pourront participer aux prochains Jeux olympiques d'hiver. Ils ont travaillé si fort; c'est important pour eux de pouvoir y aller ».

Bien que les sportifs canadiens n'aient rien à voir dans cette histoire, ils devraient se demander s'ils sont consciemment prêts à participer à ces Jeux, si cela implique de contribuer à cette diversion de la part de la Chine et de cautionner indirectement ce qui s'y passe.