L’Amérique de Joe Biden

Les États-Unis sous la présidence du démocrate Joe Biden seraient drastiquement différents de l’Amérique de Trump alors que l’ancien vice-président a dévoilé sa vision des grands enjeux du pays.

L’Amérique de Joe Biden

C'est le 3 novembre au soir que les votes ont commencé à être comptabilisés partout aux États-Unis. À l'heure d'écrire ces lignes, il est impossible de se prononcer sur le résultat de l'élection américaine. Deux visions de l'Amérique sont en jeu alors que Joe Biden tentera notamment d'apporter plusieurs changements sur cinq fronts.

1. Lutte contre la COVID-19

La stratégie de Joe Biden tout au long de la campagne : faire de cette élection un référendum sur la présidence de Donald Trump et sa gestion de la crise de COVID-19. Mainte et mainte fois, l’ancien vice-président a critiqué la gestion sanitaire de son adversaire, faisant de la pandémie le symbole tragique de ce qu’il considère être l’inaptitude du président à gouverner.

« La gestion bancale de la pandémie par Trump reste le meilleur argument de Biden pour gagner des votes. S’il y est élu président, il n’aura pas le droit à l’erreur et devra réussir où le président a échoué », explique le chroniqueur politique et chercheur associé à la Chaire Raoul-Dandurand, Raphael Jacob.

Alors qu’en est-il de sa stratégie pour combattre le virus ?

L’approche de M. Biden pour lutter contre le coronavirus consiste à fournir des tests de dépistages gratuits à tous, créer au moins dix nouveaux centres de dépistage de la COVID-19 dans chaque État et donner des orientations nationales plus fermes pour diminuer la propagation. Il souhaite aussi que tous les gouverneurs des États américains obligent le port de masques dans les lieux publics. Ces mesures plus strictes sont nécessaires alors que la crise est loin d’être finie, comme énonce le journaliste de Radio-Canada, Raphaël Bouvier-Auclair. « S’il est élu, Joe Biden aura du pain sur la planche. Plusieurs experts s’entendent pour dire que les États-Unis entrent dans la phase la plus inquiétante et mortelle de la pandémie », a affirmé M. Bouvier-Auclair en entrevue.

2. Reprise du combat contre les changements climatiques

M. Biden a qualifié le changement climatique de « menace existentielle » et a déclaré qu’il tentera de rassembler le monde pour agir rapidement afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES), notamment en rejoignant l’Accord de Paris sur le climat. Cette accord, dont Donald Trump s’est retiré en 2017 et qui engageait les États-Unis à réduire leur émission de GES de 28 % d’ici 2025.

Joe Biden propose un investissement fédéral de 1,7 milliard de dollars dans la recherche sur les technologies vertes. Il a notamment promis que les États-Unis atteindraient des émissions nettes nulles d’ici 2050, un engagement qui a été pris par plus de 60 autres pays l’année dernière. Pour ce faire, Joe Biden compte notamment diminuer drastiquement les subventions offertes à l’industrie pétrolière, ce qui pourrait avoir de lourdes conséquences sur l'économie du pays.

« Le plus gros contraste entre Trump et Biden se situe au niveau de la gestion du réchauffement climatique. En diminuant considérablement les subventions allouées à l’industrie pétrolière, Joe Biden viendrait frapper un dur coup sur l’économie nationale. Il devra éviter la casse », a ajouté M. Jacob.

« Je promets de travailler aussi fort pour les personnes qui ne me supportent pas que pour ceux qui me supportent. C’est le travail du président des États-Unis. » — Joe Biden.

3. Économie et grandes entreprises

La politique économique de Joe Biden ne sera pas aux antipodes de celle du président. Le protectionnisme, comme c'était le cas sous l'ère Trump, sera au cœur du plan de reprise économique de l'ancien vice-président, " Buy American ".

Cependant, alors que le président sortant prônait les baisses d'impôts pour les grandes entreprises, l'ancien vice-président lui compte bien les augmenter fortement. C'est ainsi que M. Biden compte hausser les impôts pour les contribuables gagnant plus de 400 000 $ par an et le taux d'imposition des entreprises de 21 % à 28 %. L'argent généré par ces augmentations permettra de financer une grande partie de sa plateforme électorale s'il est élu président.

Pour faire face à l'impact immédiat de la crise des coronavirus, M. Biden a promis de dépenser " tout ce qu'il faut " pour accorder des prêts aux petites entreprises et augmenter les compensations financières directes aux familles. Il prévoit l'augmentation du salaire minimum fédéral à 15 dollars de l'heure (19,66 dollars canadiens), une mesure qui est populaire parmi les jeunes et qui est devenue une sorte de vecteur pour le parti en 2020.

4. Politique antiraciste

À la suite des manifestations raciales qui ont frappé les États-Unis cette année, M. Biden a déclaré que le racisme systémique existe aux États-Unis et qu'il doit être traité par le biais de vastes programmes économiques et sociaux pour soutenir les minorités.

En réponse, il a proposé des politiques pour remédier aux disparités raciales, sexuelles et réhabiliter les prisonniers libérés. Il créerait un programme de subventions de 20 milliards de dollars pour inciter les États à investir dans les efforts de réduction des incarcérations, à décriminaliser la marijuana et à mettre fin à la peine de mort.

« Le vote des Afro-Américains est essentiel si Biden souhaite l'emporter. Il a mis beaucoup d'effort afin de créer une politique complète pour satisfaire les minorités. Ses efforts doivent payer », a indiqué M. Bouvier-Auclair.

5. L’unité d’une Amérique fracturée par Donald Trump

S’il y a quelque chose que cette élection américaine a démontré, c’est bien la division marquée de la population entre démocrates et républicains. « Ce n’est pas la première fois que les États-Unis sont aussi divisés. Ça a toujours été comme ça ou presque. L’arme principale de Biden, c’est sa capacité à rallier la gauche et la droite », a indiqué Rafaël Bouvier-Auclair. Son plan d’investissement dans le secteur scolaire est l’une de ses promesses phares liant les ambitions deux partis, démocrates et républicains. C’est plus de 100 milliards de dollars que Joe Biden souhaite investir dans le réseau scolaire américain d’ici 10 ans.

« Je promets de travailler aussi fort pour les personnes qui ne me supportent pas que pour ceux qui me supportent. C’est le travail du président des États-Unis », a déclaré Joe Biden lors du débat présidentiel du 24 octobre.

Joseph Biden tentera de devenir le 46e président des États-Unis d’Amérique alors que le résultat de l’élection tarde à se faire connaître.
Joseph Biden tentera de devenir le 46e président des États-Unis d’Amérique alors que le résultat de l’élection tarde à se faire connaître. (Crédit photo : Tristan Champagne-Lessard)