L'ambiguïté du mode de scrutin canadien

L'ambiguïté du mode de scrutin canadien

En septembre 2019, un projet de réforme du mode de scrutin avait été déposé à l’Assemblée nationale par la ministre Sonia Lebel. Ce projet n’a jamais abouti à son terme. Étant dans la campagne électorale fédérale depuis plusieurs semaines déjà, plusieurs réalisent que ce mode de procédé n’est plus à jour dû à toute son ambiguïté.

Le mode de scrutin déforme le résultat du vote

D’entrée de jeu, il est important de bien comprendre comment fonctionne notre mode de scrutin. Ce système produit des écarts très importants entre les votes déposés par le peuple et la composition de l’Assemblée nationale. Il est survenu à 5 reprises que le parti ayant obtenu moins de votes soit porté au pouvoir. Ces contradictions du vote populaire ne sont pas un hasard : notre mode de scrutin actuel déforme systématiquement le résultat du vote. Nous avons interrogé Abygail Bourgeault-Lévesque, une étudiante de troisième année en sciences politiques à l’Université de Québec à Montréal, afin de connaître son opinion sur le projet de loi 39. Elle explique que, « Cette réforme est donc, selon moi, bénéfique au sens où elle permet aux citoyen(nes) d’évoquer les changements qui sont nécessaires selon eux afin de permettre à la démocratie d’être utilisée à bon escient, et ce, surtout en ce qui a trait à la modification du mode de scrutin. » Cela nous permet de faire un bon clin d’œil aux élections de 2012. Lorsque le PQ et le PLQ avaient obtenu tous les deux 31,2 % des votes populaires. Sauf que c’est le PQ qui l’avait remporté dû à leurs 54 sièges reçus.

Crédit photo : Laurent Corbeil

Les Québécois votent-ils de la bonne façon ?

Ce qui nous amène à nous questionner sur l’efficacité de ce mode de scrutin. Après avoir questionné Abygail ainsi que son collègue Michael Chiappone, qui est en deuxième année à l’UQAM, sur le rendement et l’efficience de ce dernier, nous constatons que les citoyens et les citoyennes ont tendance à voter à l’américaine. Comme les deux étudiants tentent de nous faire comprendre, « Le but initial du mode de scrutin fédéral actuel est de choisir un représentant auquel on donne notre appui électoral pour qu’il représente nos intérêts au Parlement fédéral canadien. Les Canadiens semblent, depuis quelque temps, choisir leur représentant en fonction du parti auquel il adhère et souvent pour appuyer le chef de parti. » Cela illustre une raison de plus qui explique que le mode de scrutin devrait être réformé.

Qui fait preuve de plus de démocratie ?

Cela nous permet de faire un bon clin d’œil aux États-Unis. En effet, nos voisins sont reconnus pour voter en fonction de celui ou celle qu’ils approuvent le moins.

Après ces nombreux doutes survenant à propos du mode de scrutin, nous nous sommes questionnés pour savoir lequel des 2 modes de scrutin était le plus démocratique. Les États-Unis ou ici même, au Canada ? Une étudiante en sciences politiques de deuxième année à l’Université de Laval à Québec, Catherine Dessureault, nous affirme que c’est le Canada qui l’emporte sur la démocratie. Selon elle, « [...] le mode américain est tellement difficile à comprendre que seuls les Américains très politisés le comprennent, donc ils peuvent prendre une décision 100 % éclairée. Il favorise le bipartisme, ce qui empêche les nouveaux partis représentant les intérêts des minorités grandissantes de survivre et nuit au changement de mentalité du gouvernement. Ce qui permettrait une ouverture d’esprit sur des questions comme l’égalité, l’homophobie, le racisme et bien d’autres... » Il est donc inutile de préciser que même si notre mode de scrutin semble moins à jour, il reste tout de même qu’il témoigne de plus de démocratie et d’équilibre que chez nos voisins !

Crédit photo : Laurent Corbeil

Le vote populaire est-il nuisible aux petits partis ?

Bien que le mode de scrutin canadien soit considéré comme étant démocratique, il a également quelques failles, dont la nuisance du vote populaire sur certains partis, dont les partis moins connus.

Les plus récentes élections fédérales sont un bon exemple de cette faille alors que le Parti Populaire du Canada (PPC) s’est vu gagner 5,1 % des votes, mais n’a obtenu aucun siège parlementaire, ce qui veut ne dire aucune voie au parlement.

Crédit photo : Laurent Corbeil

Notre intervenant Michael Chiappone confirme que le vote populaire n’est pas avantageux pour les plus petits partis.

« Ce système favorise nettement les grands partis au Canada, d’où est issu l’antagonisme entre le parti libéral et conservateur », affirme Michael Chiappone, étudiant de deuxième année en sciences politiques à l’UQAM.

Alors que le vote populaire n’est pas toujours avantageux, il l’est certainement pour un point en particulier selon Michael Chiappone : il prive certains partis extrêmes comme le parti communiste et néonazi d’avoir une voie parlementaire.

Abygail Bourgeault-Lévesque, étudiante de troisième année en sciences politique à l'UQAM 
Michael Chiappone, étudiant de deuxième année en sciences politiques à l'UQAM
Catherine Dessureault, étudiante de deuxième année en sciences politiques à l'Université de Laval à Québec