La télésurveillance des examens sème la polémique chez les étudiants

La télésurveillance des examens sème la polémique chez les étudiants

Même si la possibilité d'un retour sur les campus universitaires a été évoquée hier lors du point de presse de François Legault, les examens à distance inquiètent les étudiants universitaires, qui voient les méthodes de surveillance d'évaluations changer drastiquement.

Pour la plupart des étudiants, les examens surveillés sont faits à la maison, sous les yeux d'un professeur qui les observe par Zoom. La caméra et le micro de l'ordinateur doivent être ouverts en tout temps, et sont généralement enregistrés aussi. Une méthode qui semble convenir à plusieurs. Pour Yussef Shehadeh, étudiant à L'ÉTS en génie logiciel, même s'il se sent inconfortable à l'idée d'être observé et sent qu'on incruste un peu sa vie privée, il considère qu'il s'agit d'une bonne alternative aux examens en présentiel.

Télésurveillance ou intrusion?

En plus de la surveillance par Zoom, des logiciels comme Proctorio et ProctorExam permettent de surveiller les examens à distance. Une intelligence artificielle repère si l'étudiant triche, en ayant entre autres accès à la caméra, l'écran, le micro, l'identité, le mouvement des yeux de la personne évaluée.

Une méthode qui rend plusieurs étudiants inconfortables. Pour un jeune homme anonyme atteint de la colite ulcéreuse, étudiant en enseignement de l'éducation physique et à la santé à l'UQAM, c'est le manque du côté humain qui l'inquiète : " Ma maladie m'oblige à régulièrement quitter mon ordinateur pour aller à la salle de bains. Si le logiciel remplaçait éventuellement complètement la présence de l'enseignant, cela pourrait m'amener beaucoup de complications, de démarches et de justifications à faire. "

« Avec la pandémie et les limites imposées aux universités, je crois que surveiller les examens par Zoom est un moindre mal pour les étudiants. » Yussef Shehadeh, étudiant à L'ÉTS en génie logiciel

Pour Vincent Plourde, étudiant à l'Université de Montréal en design industriel, la fiabilité de ces logiciels est en jeu : " Pour connaître un peu l'intelligence artificielle, c'est souvent le genre de programme qui a besoin de beaucoup de données d'imput pour pouvoir bien fonctionner. Comme c'est une méthode relativement nouvelle, j'aurais peur que le logiciel ne fonctionne pas parfaitement. " L'étudiant réitère à plusieurs reprises l'importance des conséquences d'une accusation de plagiat sur un étudiant, et que comme le diplôme de l'élève est en jeu, le logiciel n'aurait pas droit à l'erreur.

Jenny Desrochers, directrice et porte-parole institutionnelle de l'UQAM, assure que l'université " a fait le choix de ne pas utiliser ce type de logiciel. " Pourtant, ce n'est pas un choix partagé par toutes les universités. L'université Concordia et Polytechnique Montréal, entre autres, imposent cette surveillance informatisée pour les examens finaux. " On est conscients que ce n'est pas l'idéal [de recourir au logiciel de télésurveillance], mais c'est pour quand il n'y a pas d'autres possibilités, " explique Annie Touchette, porte-parole de Polytechnique, au Devoir.

Une décision critiquée notamment par les étudiants de Concordia. En mars dernier, une pétition circulait afin d'empêcher la mise en place de ces méthodes. " L'université peut trouver de nombreuses alternatives plutôt que d'emprunter de tels itinéraires. Nous avons payé nos frais de scolarité en janvier et n'avons jamais accepté de telles circonstances, " pouvait-on lire.