La question trans

DOSSIER: Femmes dans les sports. Que faire de ces athlètes qui ne rentrent pas dans les cases ?

La question trans
Le 23 mars dernier, la Fondation internationale d’athlétisme a pris la décision d’exclure les athlètes transgenres de la catégorie féminine afin de protéger les athlètes cisgenres. Source :Ted Eytan/Creative Commons

L’inclusion des femmes transgenres dans les compétitions sportives soulève encore de nombreux débats.

La première barrière à l’inclusion des personnes trans est la culture sportive, car elle n’est ni inclusive ni accueillante pour les athlètes. En général, les athlètes transgenres ont rapporté avoir eu de mauvaises expériences dans le monde sportif, notamment à cause des règlements arbitraires qui entourent leur participation. Ces observations ont été compilées dans l’article «Sport and Transgender People: A Systematic Review of the Literature Relating to Sport Participation and Competitive Sport Policies», publié par le journal Sports Medicine en 2016

Des règles pour exclure

Le Comité international olympique a publié en 2021 le document Cadre pour l’équité, l’inclusion et la non-discrimination sur la base de l’identité sexuelle et de l’intersexuation. Dans celui-ci, il demande à chaque organisation sportive d’établir ses propres règles quant à l’inclusion des personnes transgenres et intersexes. Le premier article du nouveau cadre précise : « tout un chacun, indépendamment de son identité sexuelle, expression et/ou intersexuation, devrait être en mesure de pratiquer un sport en toute sécurité et sans préjugés ».

Le 23 mars dernier, la Fondation internationale d’athlétisme a pris la décision d’exclure les athlètes transgenres de la catégorie féminine afin de protéger les athlètes cisgenres. Le président de la Fondation, Sebastian Coe, s’est expliqué dans les médias : « Pour beaucoup, les preuves que les femmes trans ne conservent pas un avantage sur les femmes biologiques sont insuffisantes. Ils veulent plus de preuves […] avant de prendre en considération l’option d’une inclusion dans la catégorie féminine .»

Le manque de recherches sur la question du genre pose problème. Pour l’instant, selon l’article  Sport and Transgender People, rien n’indique qu’une personne transgenre possède un avantage physique, et ce, à aucun stade de sa transition.

Des performances exceptionnelles

D’après le kinésiologue Guillaume Arpin, il pourrait y avoir une différence dans la performance athlétique, mais elle ne découlerait pas nécessairement du taux de testostérone. Il reste que le sujet est difficile à étudier, car le pourcentage de personnes transgenres dans la population générale est trop bas pour généraliser les performances physiques après un changement de genre.

Dans l’article «Transgender Women in Sport», publié dans le journal of the Philosophy of Sport en 2017, la chercheuse Andria Bianchi propose une solution possible à ce qu’elle appelle « l’argument de l’équité ». Selon elle, tous les athlètes, hommes comme femmes, qu’ils soient transgenres ou non, possèdent certains avantages génétiques ou sociaux par rapport à leurs collègues. Il peut s’agir d’une ossature plus légère que la moyenne, d’une meilleure capacité de récupération après un effort ou encore tout simplement d’évoluer dans un environnement qui encourage la pratique sportive. Ainsi, pour rendre la compétition plus juste, Bianchi imagine un système de compensations, qui permettrait de comparer les performances des athlètes au-delà de ces avantages.