La littérature autochtone s’ancre au Salon du livre

Grands et petits noms qui marquent le milieu littéraire autochtone s’y trouveront.

La littérature autochtone s’ancre au Salon du livre
Photo by Tom Hermans / Unsplash

Le Salon du livre de Montréal (SLM), en collaboration avec l’organisme culturel Kwahiatonhk!, la Librairie Hannenorak et la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC), présente pour la première fois l’espace Littératures autochtones. L’initiative, au moyen d’activités animées notamment par l’écrivain Michel Jean et la poète Joséphine Bacon, a pour buts la célébration et la valorisation du monde littéraire autochtone.

C’est du 13 au 28 novembre que le Salon du livre de Montréal et l’espace Littératures autochtones tiendront leurs diverses activités. Certaines seront disponibles en ligne, alors que d’autres se tiendront au Palais des congrès de Montréal et un peu partout dans la ville.

J.D. Kurtness, écrivaine née d’une mère québécoise et d’un père innu, prendra part à l’évènement Wapke, nom du recueil de nouvelles dirigé par l’écrivain Michel Jean auquel 13 écrivains et écrivaines autochtones et elle-même ont participé. « J’ai hâte, confie l’autrice à L’Atelier. Ça fera du bien de voir le public, de se déconfiner, d’avoir un dialogue. »

Une première pour les recueils du Québec

L’évènement, sous forme de table ronde, est prévu le dimanche 28 novembre au Palais des congrès. S’y trouveront aussi Joséphine Bacon et l’autrice Isabelle Picard, qui ont également signé Wapke. L’œuvre est le premier recueil de nouvelles publié au Québec entièrement composé d’écrivains issus des Premières Nations.

Le futur, thème central du recueil, est examiné à travers une lunette parfois environnementale, sociale ou politique. Bien que la nouvelle de J. D. Kurtness ait une signature plutôt ténébreuse et que les styles exploités dans Wapke soient hétérogènes, le message général du recueil se veut porteur d’espoir.

Laisser place à la liberté créatrice

Dans sa nouvelle Les saucisses, l’autrice aborde l’angoisse devant l’omniprésence grandissante du numérique. Elle imagine une société parallèle divisée en deux : ceux qu’elle appelle « les branchés et les non-branchés ». J.D. Kurtness qualifie sa nouvelle de matrice mise sur pied pour examiner les différentes facettes de l’univers numérique.

En lisant l’écrivaine, il n’y a aucun moyen de deviner ses origines. C’est justement ce qu’elle souhaite. « Ce que j’écris s’écarte des thèmes autochtones, explique-t-elle. Je veux être lue pour la qualité de mon travail : des textes très sombres et de l’humour noir. Je ne veux pas être lue pour d’où je viens ». Elle dit faire ses « petites affaires » et ne veut pas parler au nom de quiconque. Elle insiste sur la pluralité des voix dans la littérature autochtone, qui est « monolithique », à en croire ses paroles. Selon elle, le caractère autochtone de son travail repose uniquement dans son identité, et non dans les thèmes qu’elle choisit d’aborder.

Faire d’une pierre deux coups

J. D. Kurtness était également sur place pour la 10e édition du Salon du livre des Premières Nations, à Québec, du 18 au 21 novembre. Elle qualifie sans détour l’évènement de « franc succès. »

« Les tablettes se vidaient tellement vite, s’exclame-t-elle, encore surprise. Certaines personnes allaient même acheter des livres dans les librairies autour du salon parce que ceux qu’ils voulaient n’étaient plus disponibles. »

L’autrice voit le Salon du livre de Montréal comme la continuité de ce premier évènement. Aucune appréhension ne l’habite, seulement un enthousiasme bien palpable. À ses yeux, la littérature offre une perspective des Premières Nations plus riche et « festive » que celle parfois émise par les médias traditionnels, car elle est une porte d’entrée vers le dialogue.

« On parle de pauvreté, de contextes socio-économiques difficiles, de sépultures d’enfants retrouvés... C’est très lourd, ça donne envie de changer de poste, déplore-t-elle. On est plein d’humour, pourtant, et on a une richesse créatrice énorme. La littérature nous donne une autre image. »