La conférence Leadersphere 2022: expliquer les problèmes de sécurité de demain

Le déclin démocratique, la cybersécurité, les violences sexuelles au sein des forces armées, la crise climatique et la réponse aux pandémies. Ce sont les problèmes de sécurité abordés lors de l'édition 2022 de la conférence Leadersphere du Collège Militaire royal (CMR) de St-Jean-sur-Richelieu.

La conférence Leadersphere 2022: expliquer les problèmes de sécurité de demain
De gauche à droite: Aphrodite Salas, Charles-Philippe David, Alexandra Lesnikowski, Megan Mackenzie, Caroline Quach-Thanh et Alexis Rapin lors de la conférence Leadersphere 2022 au Collège Militaire royal de St-Jean-sur-Richelieu. (Léo Mercier-Ross, L'Atelier)

Par Léo Mercier-Ross

Cinq experts issus de milieux différents ont tenté de les expliquer.

Le professeur de sciences politiques de l'Université du Québec à Montréal (UQAM) Charles-Philippe David s'occupait d'expliquer le concept du déclin démocratique qu'il considère comme majeur. " Quand il n'y a pas de démocratie, les risques pour la sécurité sont plus grands ", exprime-t-il à ce sujet. M. David explique tout de même que ce n'est pas l'absence de démocratie qui menace la sécurité nationale, mais bien "l'espace entre une démocratie et le manque de démocratie ". Un concept que ce dernier qualifie de démocratie imparfaite. " Ça survient après des ratés, comme l'échec de la mondialisation des années 1990. Une frustration que Trump a utilisé pour gagner sa campagne de 2016. "

L'enjeu de la cybersécurité à été expliqué par Alexis Rapin, chercheur à l'Observatoire des conflits multidimensionnels de l'UQAM. Ce dernier révèle que, depuis 2010, 75 cyberincidents Géopolitiques ont eu lieu au Canada. " C'est seulement le top de l'iceberg ", mentionne cependant le chercheur. Ce dernier explique qu'il croit que " le chiffre est bien plus haut ", mais que les données sur les cyberincidents " ne sortent malheureusement pas au public, les compagnies et ministères ont peur d'être humiliées ".

Megan Mackenzie, chercheuse à la chaire Simons de l'Université Simon Fraser (USF), a passé 30 ans à étudier les violences sexuelles dans les forces armées de trois pays: L'Australie, les États-Unis et le Canada. Dr Mackenzie explique que c'est une menace de sécurité à la fois nationale, mais aussi internationale. Cette dernière explique que " les violences sexuelles militaires (VSM) posent des problèmes de recrutement et sont  un fardeau financier en plus de ce qu'elles causent aux victimes ". Les trois pays étudiés par Megan Mackenzie ont " tous mentionné à plusieurs reprises une politique de tolérance zéro envers les VSM sans qu'une telle politique existe réellement. "

Des sujets moins centrés sur le monde militaire

Alexandra Lesnikowski, professeure de géographie à l'Université Concordia, a expliqué que les différents gouvernements ont besoin de s'adapter aux changements climatiques. Les différents événements météorologiques causés par les changements climatiques " touchent principalement les gens plus démunis ". " Des changements à nos systèmes mêmes sont nécessaires afin de combattre les changements climatiques et leurs effets ", explique-t-elle.

La Dre Caroline Quach-Thanh, chercheuse en médecine à l'Université de Montréal (UdeM), a clos le bal des présentations en expliquant que pour une bonne réponse aux pandémies, il faut " avoir un système de santé fort ". Ce que, selon cette dernière, le Québec n'a pas, " surtout en sortant de trois ans de Covid ". La Dre Quach-Thanh explique qu'un bon système de santé va permettre de s'adapter aux " prochains inconnus qui vont survenir ". Comme solution, Caroline Quach-Thanh propose une fonction publique qui écoute la population et " porte un dialogue " avec celle-ci.