La Barbade devient maîtresse chez elle

Émancipation, décolonisation, quête identitaire : voilà autant de thèmes intimement liés au nouveau statut de la Barbade, qui est officiellement devenue une république en se détachant de la couronne britannique au cours d’une cérémonie officielle, mardi.
Exactement 55 ans après l’indépendance du pays, la première ministre, Mia Mottley, a retiré à la reine Elizabeth II son titre de cheffe d’État pour le confier à la toute nouvelle présidente, Sandra Mason.
C’était jour de célébration sur l’île en cette journée de fête nationale aussi synonyme de renouveau identitaire.
Fierté décolonisée
Ce changement de structure étatique a des ramifications plus profondes pour l’ex-président de la Barbados Canada Association Joel Alleyne. Arrivé au Canada en 1968, il est fier du changement de pouvoir dans son pays d’origine.
« Nous avons maintenant notre propre présidente. Cela vient mettre fin à plusieurs centaines d’années de traditions et de contrôle colonial », se réjouit-il. Pour lui, cela concrétise l’indépendance de la Barbade et la positionne aussi comme leader dans les Caraïbes.
La doctorante en science politique et spécialiste des Caraïbes Michelle E. J. Martineau croit aussi que des évènements sociopolitiques ont accentué la lassitude du peuple barbadien envers le pouvoir britannique.
C’est le cas de l’avènement du mouvement Black Lives Matter, mais surtout du scandale Windrush, survenu dans les années 1940-1950.
Le Royaume-Uni avait alors détenu, maltraité et déporté plus de 10 000 migrants caribéens.
Nouvelle ère
Michelle E. J. Martineau observe l’impact de la première ministre, Mia Mottley, dans le processus politique : « Mme Mottley a souvent martelé que la population barbadienne pouvait piloter son pays par elle-même. »
Joel Alleyne soutient que la population a très bien accueilli la décision de se doter de sa propre cheffe d’État.
« Il y a certaines personnes qui trouvent qu’on avance trop vite. Mais considérant que la présence coloniale dure depuis des centaines d’années, je trouve qu’on avance plutôt lentement », déclare-t-il. Il envisage l’avenir
avec optimisme.
« Il faut que nous prenions notre destin en main », énonce-t-il.