Kent Nagano retrouve l'OSM pour un concert convivial
Le chef d'orchestre émérite, Kent Nagano, a mené avec bienveillance et talent l'Orchestre symphonique de Montréal (OSM) dans un concert hommage aux victimes de la pandémie.

Le sourire aux lèvres, la passion dans le geste et le talent dans les doigts : Kent Nagano a ravi la foule en menant l'Orchestre symphonique de Montréal (OSM) lors de la première représentation de De Beethoven à Poulenc : Kent Nagano entre réflexion et raffinement ce mardi 9 mars à la Maison symphonique de Montréal.
C'est les yeux pleins d'étoiles que l'organiste, Jean-Willy Kunz a interprété avec brio le Concerto pour orgue en sol mineur de Poulenc aux côtés du Maestro Nagano. Dès les premières notes, le public est pris d'assaut par la puissance du rythme et des notes que l'organiste transmet. La symbiose entre le chef d'orchestre et le musicien y est aussi pour beaucoup, puisque Kunz boit les gestes de M. Nagano pour les retranscrire en une performance à couper le souffle. La spécificité de cette pièce c'est la place de l'orgue puisqu'il arrive à remplacer les sonorités des vents pour se marier avec les sons des cordes, une harmonie unique dans le répertoire de Poulenc selon M. Kunz. L'organiste exprime aussi la particularité de Poulenc de traiter l'orgue à la fois comme un " instrument soliste et à la fois [un instrument] qui s'intègre dans le son de l'orchestre. "
Un menu musical enthousiaste
Le public est happé dès les premières minutes lors de l'ouverture du concert avec Kammermusik no 1 (Musique de chambre no 1) de Hindemith. La passion de ce morceau réside dans la taille intimiste de l'orchestre qui est fait pour la musique de chambre. C'est grâce à cette atmosphère privée que le chef émérite fait vivre les émotions de ce morceau. Les tempos se suivent et ne se ressemblent pas, des sonorités frénétiques en passant par un rythme modéré pour finir avec un tempo lent et mélancolique : l'œuvre est faite pour embarquer le public dans un voyage sonore éclectique.
Le dessert est servi avec au menu la Symphonie no 2 en ré majeur de Beethoven présenté par un orchestre plus grand principalement composé de cordes et de vents qui font voler la barrière du réel pour envoûter les spectateurs dans des tempos larghetto enthousiastes. Un changement se fait sentir dans le langage corporel du maître d'orchestre qui mène ses dernières notes avec frénésie pour laisser le public pantelant et extatique.
La passion dans le geste
Le talent de Kent Nagano, récemment primé chef émérite par l'OSM, demeure dans la chaleur bienveillante qu'il dégage afin de mener ses musiciens avec douceur et générosité. Les gestes sont calculés et strictes, mais les expressions du visage sont vivantes, le public se retrouve souvent à sourire avec le Maestro qui prend un plaisir immense à partager sa passion avec les spectateurs. C'est aussi avec compassion qu'il présente ce concert imaginé autour de la crise sanitaire. Les œuvres ont été choisies en adéquation, mais aussi en réaction avec la pandémie. Chacune d'elle a été créée à un moment de l'histoire où un changement ou une pandémie a secoué le monde. Le concert signe un bel hommage à l'approche de la commémoration des victimes de la COVID-19 le 11 mars prochain.
Après 16 ans à la direction de l'orchestre symphonique de Montréal, le Maestro Nagano a quitté l'OSM à la fin de son mandat en 2020. Cependant, il reste très proche de ses musiciens et du Québec dont il a réussi à cerner la culture pour la reporter dans sa façon de mener.
De Beethoven à Poulenc : Kent Nagano entre réflexion et raffinement est disponible sur le site de l'OSM en webdiffusion jusqu'au 30 mars.