Juliette Côté-Turcotte: une candidate pour tous et toutes

Un texte de Charlotte Préfontaine
Un nouveau visage au Plateau Mont-Royal
En se promenant dans les rues du Plateau Mont-Royal, il est fort probable que vous tombiez sur une des nombreuses affiches d’une jeune femmes dont le visage vous est inconnu. Et bien, cette nouvelle politicienne aux 21 printemps s’appelle Juliette Côté-Turcotte, candidate comme conseillère de la Ville dans le district De Lorimier et elle a su faire parler d’elle tout au long de la campagne électorale qui s’est terminée le 7 novembre dernier.
Trop jeune pour la politique?
C’est en 2017, lorsqu’elle s'est impliquée pour l’abolition des sacs de plastique dans les commerces montréalais qu’elle a goûté pour la première fois à la politique municipale. Elle s’était alors associée avec un professeur de biologie afin de trouver des solutions auprès des commerçants pour réduire leur empreinte écologique et ainsi se débarrasser des sacs de plastique.
Durant cette période, elle avait tenté de contacter des maires d’arrondissement et des élus municipaux, mais en vain. «Mon dieu, c’est bizarre que j'arrive même pas à parler à un élu de ma circonscription alors que la politique municipale est censée être la plus proche t’sais». À travers cette prise de conscience, Juliette Côté-Turcotte a voulu s’impliquer davantage en politique pour briser les codes distançant les espaces politiques des habitants et de leurs demandes.
C’est en novembre 2020, pile un an avant la date butoir, que Juliette a commencé à mettre ses idées sur papier et à contacter des gens pour son programme électoral.

Un projet ambitieux mais réalisable
Alors qu’elle était à temps plein dans le programme de sciences politiques de l’UQAM, Juliette jonglait également entre implications sociales et candidature au municipal. Toutefois, cela ne l’a pas empêché de monter son programme, créer un site Web et se faire une image en moins d’un an.
«C'est sûr que l'année passée j’étais à l'école, j’avais de l’école dans la session d’hiver, puis, j'avais un stage en même temps aux Amis de la Montagne, pis je faisais des contrats en journalisme pour le journal francophone du Yukon. Ça a été beaucoup d’énergie.»
Indépendante mais pas toute seule
Bien évidemment, la nouvelle candidate a eu besoin d’aide tout au long de sa campagne. Des bénévoles lui ont prêté main forte pour la rédaction de son programme, les recherches, la création du site Web, poser des affiches et distribuer des pamphlets, le design graphique, les communications, la web-série «Discutons Montréal» en lien avec sa campagne, et j’en passe. Juliette Côté-Turcotte explique aussi que pour comprendre les différentes réalités de tous les quartiers et de Montréal, elle a dû faire appel à plusieurs personnes issues de milieux différents qui l’ont accompagné sur divers sujets en particuliers. « Pour faire mon document de police, j’ai parlé à des chefs de police de partout au Québec, ça a vraiment été d’appeler les gens, de contacter et de comprendre les différentes situations. Ça m’a pris beaucoup de temps, quand même, d’essayer de comprendre les réalités, de voir c’est quoi les solutions… Au fur et à mesure j’ai contacté beaucoup de personnes qui m’ont aidé».

Après avoir contacté un étudiant en droit à l’Université de Montréal, Juliette a décidé de se tourner vers Me Alexandre Thibault pour élaborer sa politique en matière de logement. Elle avait plusieurs questions sur ce qui a trait à la crise du logement à Montréal et plus spécifiquement d'essayer d’adopter des mesures prises dans divers villes d’Europe et des États-Unis et de les appliquer ici. Alexandre l’a donc aidé à savoir si les mesures de la candidate de de Lorimier pouvait tenir la route de manière juridique.
«Elle m’a présenté son profil; c'est une étudiante, jeune vingtaine, qui allait prendre un peu de temps off de ses études en sciences politiques à l’UQAM. Moi je trouvais que ça faisait preuve d’énormément d’ambitions et que ça prenait des guts pour faire ça et très engageant comme projet» m’a-t-il confié. Concrètement, Me Thibault a surtout aidé Juliette à comprendre les possibilités de ce qu’elle pouvait faire en confirmant ou infirmant des propositions qu’elle amenait.

Alexandre avait déjà travaillé brièvement à deux reprises sur les deux dernières campagnes électorales de Régis Labeaume, mais jamais en tant qu’avocat. Il avait surtout aidé à faire l’affichage et distribuer des pamphlets.
Et les médias dans tout ça?
On pouvait être surpris par le nombre fulgurant d’affiches (ainsi que leur taille) de Juliette Côté-Turcotte dans l’arrondissement du Plateau Mont-Royal. Mais ce n’est pas tout ce qui a permis à la candidate de récolter près de 2000 votes lors des dernières élections. «Les deux personnes qui avaient de la visibilité c’était Denis Coderre et Valérie Plante à ces élections ci. C’est ça qui est dommage avec la politique municipale, les gens ne savent même pas c’est qui leur candidat dans leur district. On vote pour un parti.» m’a affirmé Juliette. Elle juge qu’aucun candidat indépendant, ni même autre conseiller ou conseillère de ville qui ont reçu la même visibilité qu’elle dans les médias. «Pour ça j’ai été chanceuse, je crois que j'ai eu une belle visibilité.»
Catherine Jetté, gestionnaire de projet au CUSM, a quant à elle voté pour Juliette Côté-Turcotte sans jamais l'avoir vu dans les médias traditionnels. «Je voulais encourager des nouveaux visages en politique, en plus d’être une femme candidate, je trouvais ça vraiment important» m’a-t-elle confié. Elle dit que c’est surtout à cause de l’affichage qui était très présent dans son arrondissement qu’elle a pu connaître la nouvelle candidate. «On ne pouvait pas la manquer» m’a indiqué Catherine en riant.

Une victoire malgré tout
En général, Juliette peut dire qu’elle est fière de sa campagne, malgré la défaite. La jeune candidate s’est entretenue avec quelques personnes impliquées dans les campagnes municipales depuis plusieurs années qui lui ont levé leurs chapeaux pour tout le travail qu’elle avait accompli. «Il n'y a pas beaucoup de candidats indépendants qui ont des affiches, même des personnes à la mairie de Montréal qui n’avaient pas d’affiches, d'accroche-portes ou qui n’avaient pas tant de choses sur les réseaux sociaux ou même de sites Web. T’sais, j’ai monté mon site Web de A à Z, j’ai fait tellement de choses, on dirait que pour c’était la base mais quand je m’assoie avec des candidats, je réalise qu' en fait, pour une candidate indépendante, j,en ai fait énormément pis j’ai réalisé à accomplir vraiment beaucoup de choses finalement.»
La politique comme carrière?
Juliette voudrait bien continuer en politique, mais elle sait qu’elle est encore jeune et ne sait pas encore où l’avenir la mènera. «Je suis encore jeune; j’ai pas fini mes études, je commence un nouveau programme l’année prochaine, là je dois m’impliquer avec Québec Solidaire qui concorde beaucoup avec mes valeurs.» Pourtant, sa campagne lui a énormément apporté et ce n'est certainement pas la dernière fois qu’on va la voir.
Pour écouter l'intégrale de l'entrevue avec Juliette Côté-Turcotte, c'est juste ici: