Itinérance : le droit de vote pour tous!
Après avoir participé à la campagne «Ne les oubliez pas» pour sensibiliser la population aux enjeux vécus en situation d'itinérance, le Réseau d'aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM) se mobilise pour appuyer leur droit de vote, et ce, à l'aube des élections provinciales.

Par Britanie Sullivan
Le RAPSIM s'engage à faire respecter le droit de vote des personnes en situation d'itinérance. Pour ce faire, un événement collectif se met en place mercredi pour les accueillir au Carré de Sève du campus de l'UQAM et par la suite, les amener à voter dans un local aménagé dans cette même université pour toutes les personnes désirant exercer ce droit.
" Ce qui est compliqué avec les élections, c'est que pour voter, il faut avoir une adresse dans une circonscription. Les personnes vivant dans la rue n'ont pas de numéro de porte. [Toutefois,] cette année, il est possible d'inscrire des personnes sur la liste électorale et de voter en même temps ", souligne Jérémie Lamarche, organisateur communautaire pour le RAPSIM.
C'est avec le soutien de multiples ressources en itinérance que le RAPSIM a pu promouvoir l'événement électoral. Les personnes désirant y participer obtiennent une attestation de résidence occasionnelle de leur organisme-ressource et ont par le fait même la possibilité de voter pour la circonscription de cet organisme. De 8h à 16h, c'est au moins une centaine de personnes qui sont attendues au Carré de Sève.
Un message aux partis
" Il reste moins d'une semaine à la campagne électorale : Qui a parlé d'itinérance et de pauvreté à part les regroupements concernés? Encore une fois, force est de constater que les besoins des communautés les plus exclues et marginalisées ne font pas partie des priorités ", est d'avis Annie Savage, directrice du RAPSIM.
" Nous espérons que l'exercice collectif du droit de vote rappelle aux différents partis qu'une personne en situation d'itinérance est un citoyen qui a le droit de voter et qu'il est nécessaire de nous assurer que son droit puisse être exercé tout en étant respecté ", ajoute Jérémie Lamarche.
Pour cet acteur en milieu communautaire, l'action collective envoie directement le message " ne les oubliez pas " aux partis politiques. " Il fait considérer les personnes qui vivent dans la rue comme des citoyens égaux, ayant eux aussi des droits. Il n'y a pas de " eux " et de " nous ", mais un grand " nous ". La crise du logement, le coût de la vie et la pandémie, ces enjeux sont vécus par tout le monde à une certaine échelle. Toutefois, les personnes en situation de vulnérabilité les vivent de manière exponentielle. C'est ensemble que nous pouvons nous battre pour les causes de ces personnes ", martèle Jérémie Lamarche.
Sensibiliser aux enjeux en itinérance
" Ne les oubliez pas " est une campagne mise en place par le Réseau solidarité itinérance du Québec (RSIQ) pour sensibiliser la population aux enjeux vécus par les personnes en situation d'itinérance. Cette initiative, qui s'illustre dans un contexte de promesses électorales au Québec, a été mise de l'avant lundi par le RAPSIM, membre de la RSIQ.
" Le but est de coller plusieurs silhouettes de personnes [en situation d'itinérance grandeur nature] sur des bâtiments publics dans différentes villes partout à travers le Québec. De notre côté, nous en avons collé au bar Le Cheval Blanc et à l'église Saint-Zotique dans le quartier Saint-Henri à Montréal. Le but de l'action est de rappeler à toute la population que ces gens existent [et que] nous avons tous une responsabilité collective d'être à l'écoute des besoins et des enjeux des personnes en situation d'itinérance. D'être solidaire avec eux ", explique Jérémie Lamarche.
Réponse des partis
" Nous saluons l'action du RAPSIM pour mettre en lumière les enjeux liés à l'itinérance et rappeler l'importance d'une plus grande solidarité sociale envers les personnes qui la vivent ", a fait part Québec Solidaire à L'Atelier dans un communiqué écrit.
Le parti de gauche a également ajouté qu'il " prend plusieurs engagements pour venir en aide aux personnes itinérantes ", notamment :
- Un " chantier de 50 000 logements sociaux afin de garantir le droit au logement au Québec. "
- L'augmentation " de 290 M$ par année le financement à la mission des organismes communautaires. "
- L'investissement de " 260 M$ annuellement pour prolonger les services offerts aux jeunes de 18 à 25 ans qui sortent de la DPJ, ce qui inclut de l'aide au logement pour ces jeunes afin d'éviter les situations d'itinérance. "
- La bonification " de 45 % l'aide sociale, ce qui représente 1,3 milliard par année, afin de faire un pas historique pour mettre fin à la pauvreté au Québec. "
- Des " mesures pour réduire la stigmatisation et le profilage policier, de même que pour garantir l'accès gratuit aux soins de santé, tant pour les soins de première ligne que pour les soins dentaires, en passant par la santé mentale. "
Pour sa part, la Coalition Avenir Québec (CAQ) a souligné à L'Atelier travailler à " aider les personnes de notre société qui en ont le plus besoin. Lors du dernier mandat, le gouvernement de la CAQ a [investi 280 M$ sur cinq ans] avec des mesures concrètes pour offrir des services d'accompagnement aux personnes en situation d'itinérance, dont :
• 77 millions $ pour stabiliser la situation résidentielle des personnes en situation d'itinérance ou à risque de le devenir;
• 53 millions $ pour assurer l'ensemble du continuum d'hébergement d'urgence et de transition;
• 40 millions $ pour rehausser le continuum de services en dépendance pour les personnes en situation d'itinérance.
Si la CAQ est réélue, elle poursuivra le déploiement des mesures annoncées. "
Aucun commentaire n'a été obtenu du Parti conservateur du Québec, du Parti libéral du Québec et du Parti Québécois.